La somme a fait tourner toutes les têtes. D’ici à 2030, l’Union européenne (UE) est prête à investir 800 milliards d’euros pour accélérer son rééquipement militaire. Le 4 mars, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a annoncé ce méga plan intitulé « Réarmer l’Europe ». Depuis 2021, les Etats européens ont déjà augmenté de 30 % leurs dépenses militaires, pour y consacrer collectivement quelque 326 milliards d’euros en 2024.
Désormais, il faut aller plus loin, alors que l’administration américaine de Donald Trump, qui assure à travers l’Alliance atlantique le parapluie nucléaire de l’Europe, tourne le dos au Vieux Continent. Selon certains services de renseignement du continent, l’Europe dispose de trois à cinq ans pour reconstruire, après trente ans de « dividendes de la paix », une défense européenne opérationnelle, afin de faire face en priorité à la menace russe, mais aussi à toute autre menace dans un monde de plus en plus incertain.
Alors que l’UE n’a pas de compétences propres en matière militaire, ce sujet étant du ressort des Etats jaloux de leur souveraineté, elle dispose tout de même d’instances et d’instruments, essentiellement économiques et industriels, complémentaires de l’OTAN, l’alliance qui coordonne la défense collective européenne.
Privilégier l’achat groupé
Pour financer leur défense, la Commission européenne propose d’autoriser les Etats membres à déroger aux contraintes budgétaires fixées par le pacte de stabilité et de croissance – les fameux critères de Maastricht. Si les Vingt-Sept appliquaient cette dérogation, 650 milliards d’euros pourraient être mobilisés pour la défense d’ici à 2030, selon Bruxelles. L’exécutif communautaire a aussi mis en place SAFE, un fonds de 150 milliards d’euros, qui offrira aux Etats des prêts bonifiés, à condition qu’ils s’associent avec un second Etat pour acheter des équipements fabriqués en Europe.
Selon la Commission, « l’achat groupé garantira l’interopérabilité pour les forces armées des Etats membres et la prévisibilité pour l’industrie européenne de la défense, réduira les coûts et créera l’échelle nécessaire pour renforcer la base industrielle européenne de la défense ».
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