La Commission européenne a annoncé, vendredi 5 septembre, infliger une amende de 2,95 milliards d’euros à Google, malgré des menaces proférées par le président américain, Donald Trump. L’exécutif européen a estimé que le géant américain de la tech avait abusé de sa position dominante dans le secteur de la publicité en ligne. Cette sanction était très attendue, d’autant que la Commission avait menacé en 2023 d’exiger la scission d’une partie des activités du groupe dans ce domaine de la publicité en ligne, ce qu’elle n’a pas décidé à ce stade.

« La décision de la Commission européenne concernant nos services publicitaires est mauvaise et nous allons faire appel », a réagi la vice-présidente des affaires réglementaires de Google, Lee-Anne Mulholland. Dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse, elle a dénoncé « une amende injustifiée ». La décision de Bruxelles, ajoute-t-elle, « exige des changements qui vont nuire à des milliers d’entreprises européennes en leur compliquant la tâche pour gagner de l’argent ».

« L’Europe a “attaqué” aujourd’hui une autre grande entreprise américaine, Google », a protesté vendredi Donald Trump sur son réseau Truth Social. Le président américain assure dans le même message que si l’Union européenne ne revient pas sur les amendes « injustes » infligées à Google mais aussi à Apple, il sera « contraint » de déclencher un mécanisme de droits de douane punitifs, la « section 301 ». « L’Union européenne doit IMMÉDIATEMENT arrêter ces pratiques contre les entreprises américaines », a-t-il ajouté.

Une autre condamnation en France

Le 26 août, Donald Trump avait vigoureusement attaqué les pays ou organisations régulant le secteur de la tech, les menaçant de droits de douane et de restrictions à l’exportation. S’il n’avait pas cité directement l’Union européenne, celle-ci dispose de fait de l’arsenal juridique le plus puissant au monde pour réguler le numérique, alimentant les débats en Europe sur le risque de représailles en cas de sanctions contre des sociétés américaines.

Le président a pris fait et cause pour les poids lourds de la tech américaine, lesquels se sont massivement ralliés à lui depuis son retour au pouvoir, rompant avec la froideur manifestée pendant le premier mandat Trump (2017-2021). Les patrons de Google, Sundar Pichai, et d’Apple, Tim Cook, ont d’ailleurs participé jeudi soir à un dîner à la Maison Blanche réunissant les grands noms du secteur autour de Donald Trump, qu’ils ont couvert d’éloges.

L’amende prononcée vendredi par la Commission est la troisième à viser Google cette semaine. Le groupe a été condamné mercredi aux Etats-Unis à verser 425,7 millions de dollars (362 millions d’euros) à près de 100 millions d’utilisateurs pour atteinte à leur vie privée, selon la décision d’un jury d’une cour fédérale de San Francisco confirmée par le géant américain. Par ailleurs, mercredi 3 septembre, en France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés avait infligé une sanction de 325 millions d’euros à Google pour des manquements aux règles sur les données personnelles dans ses pratiques publicitaires.

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En revanche, le groupe a remporté une victoire judiciaire majeure mardi aux Etats-Unis : un juge de Washington lui a imposé des exigences strictes sur le partage des données afin de rétablir l’équité dans la concurrence sur la recherche en ligne, mais sans l’obliger à céder Chrome, son navigateur phare, comme exigé par le gouvernement américain.

Le Monde avec AFP

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