Mine d’uranium à ciel ouvert de la Somaïr, à Arlit (Niger), le 11 août 2023.

L’affaire est surveillée comme le lait sur le feu à Washington et à Paris. Comme l’a révélé le média en ligne Africa Intelligence, la junte au pouvoir au Niger depuis le coup d’Etat de juillet 2023 s’est engagée dans des « négociations confidentielles » avec l’Iran « pour la livraison de 300 tonnes de yellow cake » (concentré d’uranium). Une information confirmée au Monde par plusieurs sources officielles occidentales et nigériennes.

Cet uranium, principal produit d’exportation du Niger, proviendrait des mines exploitées depuis 1971 par le groupe français Orano (ex-Areva) à Arlit (nord). Coactionnaire à hauteur de 36,6 %, l’Etat nigérien « commercialise en autonomie sa part de production », explique Orano, avant de préciser n’avoir « été approché » ni par Niamey ni par Téhéran dans le cadre de ces négociations clandestines. L’entreprise française assure, par ailleurs, « respecter strictement les sanctions internationales qui prohibent toute vente d’uranium par le groupe à l’Iran ». Contactée, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) affirme n’avoir pas non plus été notifiée de l’existence d’un accord de vente, une procédure pourtant obligatoire.

Les pourparlers autour de la livraison de 300 tonnes de minerai, dont la valeur est estimée à 56 millions de dollars (52,02 millions d’euros), ont été découverts par les services de renseignement américains au premier trimestre 2024. Le sujet a été porté à la connaissance de l’opinion par la junte nigérienne elle-même, le 16 avril. A la télévision nationale, les militaires ont en effet dénoncé les « allégations mensongères » formulées par Washington, « consistant à soutenir qu’il pourrait signer un accord secret sur l’uranium avec l’Iran ».

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Un mois plus tôt, la secrétaire d’Etat adjointe aux affaires africaines, Molly Phee, avait été dépêchée en urgence à Niamey pour discuter avec la junte de la reprise de la coopération militaire, suspendue après le coup d’Etat. Un rapprochement conditionné à « l’obtention d’assurances de la part des Nigériens qu’ils ne vendraient pas d’uranium aux Iraniens et qu’ils ne déploieraient pas de mercenaires russes sur le même terrain que les militaires américains », selon une source diplomatique occidentale travaillant sur le Niger.

Mais la démarche n’a pas abouti : le 16 mars, deux jours après la visite de la diplomate américaine, les autorités nigériennes ont réclamé le départ du millier de soldats américains, estimant que les requêtes de Washington relevaient de l’ingérence. Et, dès le 10 avril, une centaine de paramilitaires russes de l’Africa Corps débarquaient à Niamey.

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