
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé l’armée malienne et le groupe paramilitaire russe Wagner, mardi 22 juillet, d’avoir perpétré « des dizaines d’exécutions sommaires et de disparitions forcées d’hommes de l’ethnie peule » depuis janvier. Dans le cadre d’opérations antidjihadistes, les Peuls, accusés de nourrir les rangs des groupes islamistes qui minent le Sahel, sont régulièrement pris pour cible par les armées de la région.
« Les soldats maliens et les combattants du Groupe Wagner ont accusé la communauté peule de collaborer avec des groupes armés islamistes », relève HRW dans un communiqué publié mardi : « Les forces armées maliennes et leur allié, le Groupe Wagner, soutenu par la Russie, ont perpétré des dizaines d’exécutions sommaires et de disparitions forcées d’hommes de l’ethnie peule depuis janvier 2025. »
L’organisation de défense des droits humains dit avoir documenté des meurtres et incendies de maisons, des enlèvements et exécutions, des arrestations, des disparitions forcées et des cas de torture dans quatre régions du Mali : Douentza, Kayes, Ségou et Tombouctou. HRW souligne avoir mené des entretiens téléphoniques avec 29 personnes ayant eu connaissance des incidents, dont seize témoins, sept chefs de communauté, des militants, des journalistes et des représentants d’organisations internationales.
« L’armée malienne et le Groupe Wagner, qui mènent des opérations conjointes contre des groupes armés islamistes depuis plus de trois ans », auraient exécuté « au moins 12 hommes peuls et fait disparaître de force au moins 81 autres depuis janvier », relève HRW. Dans la région de Kayes, HRW rapporte l’exécution de « 65 éleveurs et marchands de bétail peuls du village de Sebabougou » par l’armée malienne et des combattants de Wagner en avril.
Le Groupe Wagner, qui appuyait l’Etat malien dans sa lutte antidjihadiste depuis 2021, a annoncé la fin de sa mission dans le pays début juin. Ses contingents sont réintégrés au sein de l’Africa Corps, une organisation sous le contrôle direct du ministère russe de la défense.
« Les hauts responsables maliens et russes devraient être conscients qu’ils peuvent être tenus pour responsables des crimes commis par leurs soldats et leurs combattants », prévient Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à HRW, citée dans le communiqué. L’organisation appelle également l’Union africaine (UA) à « faire pression sur la junte militaire malienne pour qu’elle enquête sur ces graves allégations, juge de manière équitable les responsables et accorde des réparations aux familles des victimes ».
Le Mali est dirigé par une junte arrivée au pouvoir à la suite de deux coups d’Etat successifs, en 2020 et 2021. HRW affirme avoir adressé aux ministres de la justice et de la défense un courrier exposant ses conclusions et ses questions, mais déclare n’avoir reçu aucune réponse.