• Une étude de Stanford révèle que les femmes en couple hétérosexuel assument une charge mentale à laquelle s’ajoute une charge affective, appelée « mankeeping ».
  • Du fait du rétrécissement des cercles sociaux masculins, les partenaires sont obligées de combler le vide et assurer un rôle de « thérapeute ».
  • Ce déséquilibre affectif impacte le lien amoureux, car les hommes, eux, sont moins présents quand il s’agit d’être à l’écoute des besoins émotionnels de leur compagne.

Elles écoutent, elles rassurent, elles organisent, elles planifient. Dans une relation de couple hétérosexuelle, la charge mentale est très forte. Elles sont, à la fois, la partenaire, l’infirmière, la secrétaire, la thérapeute, voire carrément l’assistante de vie. Les chercheurs de l’université de Stanford parlent même de « mankeeping » pour désigner les tâches que les femmes sont obligées de réaliser pour compenser l’absence de liens sociaux de leurs compagnons. Une charge affective, en quelque sorte. 

Selon cette étude publiée en 2024 dans la revue Psychology of Men and Masculinities, le cercle social des hommes a tendance à rétrécir et atteint même des niveaux inédits, puisque 15% d’entre eux déclarent n’avoir aucun ami proche (contre 3% en 1990). À contrario, celui des femmes se renforce. Résultat : dans un couple hétérosexuel, nombreuses sont les femmes qui assurent la logistique et l’émotionnel. En effet, parce que ces messieurs ne se confient plus autant à leurs amis, à leurs collègues ou à leurs connaissances, ils partagent leurs états d’âme avec leurs partenaires. Ainsi, les femmes se voient contraintes de combler leur manque social. « Le mankeeping peut prendre la forme d’une femme qui organise le calendrier social de son mari, achète des cartes d’anniversaire au nom de son copain (pour ses amis), ou assure un soutien émotionnel constant à son frère. Et tout cela, sans recevoir en retour le même type de soin« , note Eagan Dean, chercheur postdoctoral à Stanford, dans son étude.

Le mankeeping, une forme de travail supplémentaire pour les femmes

Être présente pour sa moitié est normal dans n’importe quel couple. Le problème avec le « mankeeping » est qu’il s’agit d’un « travail non réciproque« , souligne Angelica Ferrara, chercheuse postdoctorale et coautrice de l’étude, interrogée par The Telegraph. « On demande aux femmes, ou qu’on attend d’elles, qu’elles assument davantage de travail pour être un élément central – voire le principal – du système de soutien social et mental des hommes« . En effet, si les femmes soutiennent volontiers leur compagnon, elles révèlent que la posture n’est pas réciproque. Quand elles se confient, elles les trouvent distraits, distants ou peu bavards. Ainsi, plutôt que de se confier à leur conjoint, elles se tournent vers des amies lorsqu’elles se sentent tristes ou angoissées.

Or, ce « mankeeping » est considéré comme une « forme de travail » pour les chercheurs de Stanford qui grignote non seulement du temps, de l’énergie, mais qui étiole aussi le lien amoureux. Et quand la charge devient trop lourde, elles décident tout simplement d’abandonner silencieusement, d’être présentes physiquement, mais détachées émotionnellement… D’autres femmes qui ont expérimenté ce déséquilibre émotionnel avouent même être moins disposées à s’engager avec un homme pour ne plus avoir à assumer seule la charge mentale… et affective.

Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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