L’ex-leader de la Mano Negra, 63 ans, n’avait pas enregistré d’album depuis « La Radiolina » en 2007.
Depuis, il a enchaîné les concerts partout dans le monde, privilégiant les réseaux sociaux aux médias traditionnels pour s’exprimer.
Il est de retour ce vendredi avec « Viva Tu », un nouvel opus qui devrait ravir ses fans.
Son dernier album, c’était La Radiolina il y a 17 ans. Sa dernière interview ? Il y a bientôt 10 ans dans L’Humanité à l’occasion de sa traditionnelle fête de rentrée. Si Manu Chao s’apprête à faire son retour discographique ce vendredi 20 septembre avec son cinquième opus en solo, l’ancien leader de la Mano Negra, aujourd’hui âgé de 63 ans, refuse toujours de s’exprimer dans la presse. Partis à sa rencontre à Barcelone où il réside, nos confrères du Parisien se sont vu opposer une fin de non-recevoir. « Si je vous parle, je vais devoir parler à tout le monde. On va me tomber dessus« , s’est-il justifié poliment.
Emblème de la chanson engagée, José Manuel Tomás Arturo Chao Ortega est l’un de ces rares artistes qui attirent les foules partout dans le monde en se privant des médias. En 2019, sa dernière tournée est passée par la France, l’Espagne, la Bosnie, la Serbie, la Bulgarie et la Macédoine avant de prendre la direction de l’Amérique latine. Début 2020, il se produit pour la première fois en Inde avant d’être assigné à résidence par le Covid. Une période au cours de laquelle il publie des chansons sur les réseaux sociaux depuis son appartement du quartier de Poble Nou. Nom de code ? Coronarictus Smily Killer Sessions.
Il ne voulait plus enregistrer d’album
Cette période hors norme lui a-t-elle redonné l’envie d’enregistrer à nouveau ? « On sortait des albums il y a dix ans, vingt ans. C’est un vieux concept ça ! Le nouveau répertoire, on le fait vivre sur scène« , plaidait-il pourtant en 2017 dans ce fameux entretien à L’Humanité. « Tous les jours, je chante sur un bout de trottoir, chez les gens, dans les bars. Mes chansons sont vivantes, au ras du trottoir. Je ne me sens pas la nécessité de les propulser mondialement à coups de forceps. »
À défaut de l’entendre s’expliquer sur ce revirement, ses fans vont se régaler de 13 nouveaux titres qui composent l’album Viva Tu (Because Music), interprétés en français, espagnol, portugais et anglais. Leur auteur s’y offre un duo avec l’icône américaine de la country Willie Nelson sur « Heaven’s Bad Day » et un autre avec la rappeuse française Laeti sur le premier single, « Tu Te Vas », dont l’orchestration dépouillée et les paroles entêtantes ne dépareilleront pas sur scène avec les classiques comme « Bongo Bong », « Welcome to Tijuana » ou « Je ne t’aime plus ».
En formation réduite et acoustique, Manu Chao s’est produit mardi dernier sous le chapiteau du Kilowatt, dans la zone industrielle de Vitry-sur-Seine, au sud de Paris. Organisé par une association locale, son comeback a attiré 1200 spectateurs qui avaient payé 30 euros le ticket d’entrée, à l’heure où les prix des places de concerts pour les stars de la pop n’en finissent plus de flamber. « Merci pour l’énergie ! Merci pour l’espoir !« , a lancé celui dont les luttes sociales sont plus que jamais d’actualité.
« Il y a de plus en plus de personnes qui meurent pour arriver dans un monde qu’elles croient meilleur et qui est évidemment meilleur, parce que, là-bas, c’est la vie ou la mort pour les pauvres« , disait-il à L’Humanité en évoquant la chanson « Clandestino », écrite au milieu des années 1990 à propos de la crise des migrants. « Et cela ne fait qu’empirer. Ça montre que, politiquement, vouloir fermer les frontières de l’Europe, ça ne fonctionne pas. »
S’il préfère se tenir éloigné des médias traditionnels, Manu Chao peut compter sur les réseaux sociaux pour propager ses messages. Sur TikTok, où il compte plus de 366.000 abonnés, une nouvelle génération d’auditeurs s’est emparée de ses tubes en plusieurs langues pour agrémenter leurs stories. Et l’an dernier, il a réalisé plus de 835 millions de streams, toutes plateformes confondues, souligne son label. Pas si incognito, en fait.
