A Mayotte, les élus locaux s’inquiètent du manque d’aide sur le terrain
Près de dix jours après le passage du cyclone Chido, l’inquiétude et l’amertume demeurent chez les élus mahorais, entre les annonces de l’Etat et le manque criant d’aide sur le terrain. Au cours d’une visioconférence organisée par l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas), et à laquelle a assisté l’Agence France-Presse, plusieurs élus locaux ont déploré la situation.
« On voit que la mobilisation est là, mais ce n’est pas concret sur le terrain » s’est notamment inquiété Sitirati Mroudjae, vice-présidente du CCAS de la commune de Dembeni, sur la Grande-Terre, l’île principale de l’archipel. Eau, denrées alimentaires, sa commune « n’en a pas vu la couleur », constate-t-elle, alors « on se débrouille comme on peut ».
Faute de quantités suffisantes, la commune choisit « à qui on donne, à qui on ne donne pas », et a fermé ses centres d’hébergement d’urgence « car on n’a pas de quoi donner à manger aux familles », se désole-t-elle. « Je ne comprends pas comment, près de dix jours après le cyclone, l’aide ne soit toujours pas là », a lâché l’élue, pour qui c’est « une question de vie ou de mort ».
« On a beaucoup, beaucoup de mal à avoir des aides sur le terrain », a ajouté Saïd Salim, président de l’Union départementale des CCAS de Mayotte, au cours de cette réunion, qui voit un « effet de communication pour dire “on maîtrise”, mais sur le terrain, il y a un écart. »
Dans les rues de l’archipel dévasté par le cyclone le plus intense depuis 90 ans, où toutes les communes ont été touchées et les bidonvilles rasés, les déchets s’accumulent et les risques sanitaires inquiètent. « Où est l’armée ? Qu’est-ce qu’ils font ? », s’est aussi indignée Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis de la Réunion et ancienne ministre des outre-mer. Près de 3 800 personnels de la Sécurité civile, de la police, de la gendarmerie et des armées sont engagés à Mayotte, dont 1 500 en renfort, ont précisé les autorités lundi.