C’est l’histoire d’un journal qui veut être vendu. Vous avez bien lu : vendu. Une incongruité. Une de plus dans l’histoire de Marianne. D’habitude, les salariés se battent pour ne pas être cédés. Pas nous. Et pas par coquetterie ou goût du contre-pied. Vous allez comprendre.

Notre actuel propriétaire, CMI [Czech Media Invest], groupe de presse détenu par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, lequel est représenté en France par Denis Olivennes, nous a annoncé, huit mois après nous avoir mis en vente, que nous ne l’étions plus.

L’idée ? Une reprise en main éditoriale de la part de CMI : il nous faudrait être moins critiques avec « les pouvoirs », plus souples sur les sujets européens et « transatlantiques », mais aussi plus « probusiness ». Passons sur la caricature qu’induit en creux cette présentation de notre travail, et venons-en au projet qui accompagne cette reprise en main. Il se résume, pour l’heure, à accompagner la baisse du nombre des lecteurs par une baisse notable, voire drastique, des effectifs et, possiblement, de la pagination. En clair, le projet de CMI consiste en une gestion peu enthousiasmante de notre fin de vie. La courbe des ventes chute, chutons avec elle…

Un essai clinique innovant

Ce projet, contrairement à l’image qu’en a eue le grand public, ne s’est pas limité à un simple changement de direction. Bien sûr, un tel changement n’est pas une petite affaire. Loin de là. Mais il ne dit pas tout. Il ne dit pas les quelque 60 employés de Marianne, les dizaines de pigistes, et, au passage, les familles qui sont derrière. Surtout, un tel récit ne permet pas de rappeler qu’un journal, ce ne sont pas que des dirigeants que l’on change ou que l’on place, mais c’est aussi un projet éditorial, commercial et industriel qui se doit d’être cohérent.

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Aux soins palliatifs du projet CMI, nous préférons un essai clinique innovant, un remède cohérent, justement, dont nous pressentons qu’il permettra de prolonger notre espérance de vie. Il s’agit de l’offre de reprise portée par des investisseurs issus de l’économie sociale et solidaire et du monde mutualiste. Une offre qui vise à terme à faire de l’entreprise Marianne une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC).

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