Est-il possible de critiquer le milliardaire Pierre-Edouard Stérin dans un dessin de presse publié dans les pages de Marianne – ce, alors que le fervent catholique souhaiterait devenir le futur actionnaire du journal ? Plusieurs journalistes du magazine, fondé en 1997 par Jean-François Kahn et Maurice Szafran, répondent désormais par la négative, depuis le bouclage du numéro 1 425, daté du 4 au 10 juillet.

Dans cette édition de l’entre-deux-tours des élections législatives anticipées, bouclée malgré la journée de grève du vendredi 30 juin, deux pages sont consacrées à la vente de l’hebdomadaire, aujourd’hui propriété de CMI France, groupe du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.

« La rédaction s’explique », promet sobrement l’appel de Une, en couverture. « Marianne en danger », peut-on lire plus frontalement à la trente-deuxième page du magazine, signé par « La rédaction ». Ce texte, titré « Recherche milliardaire républicain » et écrit par les élus de la Société des rédacteurs de Marianne (SRM) et du Comité économique et social (CSE), explique le rejet de « tout projet de rachat par Pierre-Edouard Stérin ».

Liens avec Marine Le Pen

Les révélations du Monde, le 26 juin, démontrant les liens de Pierre-Edouard Stérin avec Marine Le Pen et le Rassemblement national (RN) par le biais du financier François Durvye, ainsi que son intention de soutenir des candidats aux législatives sous la bannière RN-LR, ont tout bousculé.

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« Les positionnements politiques de Pierre-Edouard Stérin ne se résument pas à la sphère privée. (…) Ce que dément l’intéressé. Reste que l’image de Marianne nous semblait dès lors en jeu », estiment les rédacteurs du texte. « Nous considérons qu’en acceptant d’appartenir à un homme ayant des activités partisanes, nous prendrions le risque que nos articles soient soumis à un doute constant. Une suspicion intolérable. Pour vous, pour nos sources et pour nous », poursuivent les journalistes du magazine.

Lire le récit | Article réservé à nos abonnés La vente de « Marianne » à Pierre-Edouard Stérin suspendue, les salariés mettent fin à leur grève

Afin d’accompagner le texte en question, le dessinateur de presse Pascal Gros envoie sa caricature lundi 1er juillet, tard dans la soirée. Pierre-Edouard Stérin y apparaît en habits religieux clamant « Dans mes bras ! » – avec le logo de la flamme historique du Rassemblement national dans le dos –, face à une Marianne qui lui répond « le consentement, ça vous dit quelque chose ? ».

Sans le logo du RN

Le lendemain, mardi 2 juillet, la direction de la rédaction demande au dessinateur, par l’intermédiaire d’un salarié, de gommer la flamme en question. Pascal Gros ne voyait pas véritablement de raison de le retirer. Mais il a refait son dessin sans le logo du RN.

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