Marilu Marini se maquille dans « Marilu. Rencontre avec une femme remarquable », documentaire de Sandrine Dumas.

Chapeau large sur la tête, sourire ravageur et pommettes rosies, la comédienne Marilu Marini apparaît et avec elle surgit cette « femme remarquable » que filme si bien la réalisatrice Sandrine Dumas dans un documentaire délicat et joyeux : Marilu. Rencontre avec une femme remarquable, en salle mercredi 24 avril. De 2016 à 2022, Sandrine Dumas a suivi son héroïne de chaque côté de l’Atlantique. Un pied en France et l’autre en Argentine, là où est née l’actrice en 1940. Et où elle a vécu jusqu’en 1975, avant de prendre l’avion pour fuir, à 35 ans, la violence d’une dictature subie dans sa chair : vingt-cinq jours d’isolement pour avoir montré son nombril en public. Enfermée dans une cellule trop basse pour se tenir debout, Marilu Marini fabriquait des roses avec de la mie de pain pour, nous raconte-t-elle, « ne pas sombrer dans le désespoir ».

Elle qui dansait sur les scènes de Buenos Aires atterrit à Paris pour ne plus en partir et y apprendre le français même si elle rêve en espagnol. Elle vient rejoindre la « bande des Argentins ». Une troupe d’artistes compatriotes, eux aussi émigrés, et qui, comme elle, veulent casser les codes de la représentation à grand renfort d’esthétiques tapageuses. Réunis autour du metteur en scène Alfredo Arias, les exilés du groupe TSE font effraction dans le paysage hexagonal avec sensualité, outrance et outrecuidance.

Clown et tragédienne

« Nous avions en partage notre jeunesse indifférente à l’ordre moral », raconte l’actrice qu’anime, depuis toujours, un désir d’émancipation. Adolescente déjà, elle avait refusé d’être « la fille de bonne famille » dont rêvaient ses parents. Echapper à la petite bourgeoisie, se sauver de la répression militaire, envoyer valser les frontières et les cadres : elle opte pour la vie d’artiste, synonyme de mouvement perpétuel et de libres envolées dans les sphères poétiques : « Ce qui me terrifie, c’est de ne pas bouger intérieurement », explique-t-elle lorsque nous la rencontrons un matin frais de printemps.

Pour ne pas sombrer dans l’immobilité, Marilu Marini travaille. Le travail est « présent à chaque seconde », confie-t-elle. Depuis ses débuts, en 1968, elle a joué dans près d’une cinquantaine de spectacles dont une vingtaine avec Alfredo Arias, complice de longue date jusqu’à leur séparation professionnelle, en 2008 : « J’avais besoin d’un autre monde. » Besoin, sans doute, d’en finir pour de bon avec les créatures d’Arias, parmi lesquelles l’iconique Femme assise (le texte était de Copi), qui aura nourri la légende de l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur avant de conquérir les plateaux de théâtre.

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