Marine Le Pen a été condamnée ce lundi pour « détournement de fonds publics » à une inéligibilité de 5 ans avec exécution provisoire, qui n’est donc pas suspendue en cas d’appel.
En 2027, elle pourrait être contrainte de laisser sa place en tant que candidate du RN à l’élection présidentielle.
Remplacée par Jordan Bardella ?

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Procès du RN : Marine Le Pen et le parti condamnés

La question de sa succession ne devait pas être pour tout de suite. En 2022, avant d’essuyer un troisième échec à l’élection présidentielle, Marine Le Pen avait laissé entendre que sa campagne pour l’Élysée serait sa dernière. Trois ans plus tard, il n’en est plus question. La patronne des députés du Rassemblement national ne cachait pas ses intentions de concourir à la succession d’Emmanuel Macron. Ce lundi 31 mars, au palais de justice de Paris qu’elle a quitté précipitamment, un sérieux obstacle s’est dressé sur sa route. La fille de Jean-Marie Le Pen a été condamnée pour « détournement de fonds publics » à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, en plus d’une peine de prison aménageable.

Elle compte faire appel, a confirmé dans l’après-midi son avocat, mais l’exécution provisoire, elle, n’est pas suspensive. Concrètement, si l’appel n’est pas examiné avant 2027, le chemin pour qu’elle puisse se présenter se rétrécira. Et ce, en dépit d’un sondage paru la veille de la décision de justice qui la plaçait largement en tête du premier tour, recueillant entre 34 et 37% des suffrages en fonction des hypothèses.

Bardella « tout à fait apte », dit déjà le RN

Reste que vingt-quatre heures plus tard, la question d’un autre candidat RN doit forcément se poser. Interrogé sur TF1 avant la décision, le maire RN de Perpignan Louis Aliot, lui aussi condamné ce lundi, n’a évoqué qu’un seul nom : celui de Jordan Bardella. « Il ne fait pas mystère qu’il serait évidemment le mieux placé », a-t-il affirmé. « Il est tout à fait apte à exercer cette fonction. » Jordan Bardella devrait toutefois attendre l’approbation du parti. « Le candidat à la présidentielle est désigné par le congrès du mouvement », a rappelé Louis Aliot.

L’eurodéputé de 29 ans apparaît comme le candidat naturel du parti à la flamme. Actuel patron du RN après avoir succédé à Marine Le Pen, Jordan Bardella a déjà mené plusieurs campagnes, la première aux européennes en 2019, arrivant en tête (23,34%), puis lors des mêmes élections en 2024 (31,37%). Sur le plan national, il a également été la tête d’affiche des élections législatives anticipées quelques semaines plus tard, se voyant même Premier ministre en cas de succès, qui ne s’est finalement pas concrétisé (139 députés pour sa coalition sur les 289 nécessaires pour une majorité absolue).

Mieux placé que Le Pen ?

L’occasion de se faire un nom dans l’opinion… au point de dépasser Marine Le Pen. Un sondage Odoxa-Mascaret pour Public Sénat et 20 titres de la presse quotidienne régionale publié ce lundi montre que lorsqu’on les somme de choisir entre les deux, les Français préfèrent Jordan Bardella (31%) à Marine Le Pen (16%). Un constat encore plus partagé parmi les sympathisants RN (60% contre 32%).

« Il est président du premier parti de France », appuie auprès de TF1info Frédéric Dabi, directeur général opinion du groupe Ifop. « Sa cote de popularité est équivalente à celle de Marine Le Pen, mais il fait un peu mieux qu’elle chez les jeunes, les cadres supérieurs et dans les milieux économiques », analyse-t-il. « Il incarne le renouvellement et crée chez beaucoup de Français une proximité identificatoire. »

S’il était bien candidat, il s’agirait d’un sacré changement. Pour la première fois depuis 1988, le Front national devenu Rassemblement national ne serait pas représenté par un « Le Pen » à la présidentielle, après les cinq candidatures de Jean-Marie Le Pen et les trois de Marine Le Pen. Ce qui ne serait pas forcément un inconvénient pour le RN, estime Frédéric Dabi. « Cela dégèlera peut-être le vote d’élimination », pointe-t-il. « Le ‘tout sauf Le Pen’ deviendrait un ‘tout sauf RN’. Ce serait un tournant, même si le RN reste fragile au second tour. »

Jordan Bardella sera-t-il prêt pour une telle candidature ? Le sujet de sa jeunesse reviendra, alors qu’il sera âgé de 31 ans en mai 2027. Emmanuel Macron, qui détient le record du plus jeune président de la Vᵉ République, avait été élu à 39 ans. « Tout dépendrait de la campagne et du récit qu’il essaierait de faire passer auprès des Français », poursuit Frédéric Dabi, selon qui les électeurs se détermineront « sur l’incarnation » et « l’expérience internationale » plus que sur l’âge. « Il y a toujours un doute sur sa capacité à endosser un costume de Premier ministre ou de président de la République, on l’a vu durant les législatives 2024. » Là où Marine Le Pen peaufine depuis plus d’une décennie son costume de présidentiable.

Idèr NABILI

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