Artisane de l’union de la gauche, sans concession face au Rassemblement national : Marine Tondelier a le vent en poupe depuis le début de la campagne des législatives.
La secrétaire nationale des Ecologistes a réussi à faire oublier le très mauvais score de son parti aux européennes.
Et à faire taire les voix qui s’élevaient contre elle avant le 9 juin.

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Elle a le vent en poupe. Ces derniers jours, les articles se multiplient à son sujet, tout comme les partages sur les réseaux sociaux de ses interviews et de ses discours – notamment celui de dimanche place de la République. Un compte baptisé « la veste verte de Marine Tondelier » fait même fureur sur X ces dernières heures, en référence à ce vêtement coloré que ne quitte plus la secrétaire nationale des Ecologistes qui en a fait son totem. « Je suis la petite veste verte préférée de Marine Tondelier, la boss d’EELV trop bien sapée qui va faire gagner le Nouveau Front populaire le 7 juillet », indique ce dernier dans sa description. Si pour la victoire dimanche prochain il est trop tôt pour s’avancer, il est certain que ces dernières semaines l’ex-collaboratrice parlementaire de Cécile Duflot a pris la lumière et a mouillé la chemise pour essayer de sauver la gauche et faire barrage au Rassemblement national. 

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Dès l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron au soir du 9 juin, elle prend la parole pour appeler à une union de la gauche et empêcher le RN de remporter une majorité. Elle appelle à oublier les dissensions car « l’heure est grave ». Un pari risqué, auquel peu de monde croyait. La campagne des européennes avait fini d’achever la mésentente entre les différents membres de la Nupes, exacerbée ces derniers mois par la guerre entre Israël et Gaza. « Tout le monde nous donnait pour morts » le soir de la dissolution, « 24 heures après on annonçait la création du Front populaire devant notre local, avec tout le monde qui était progressivement venu discuter à l’intérieur. Les bons contacts de confiance qu’on avait avec les uns et les autres ont compté », se félicite-t-elle.

« Elle a été à la manœuvre pour pousser à l’union »

« Elle a été à la manœuvre pour pousser à l’union », estime l’eurodéputé écologiste David Cormand, jugeant qu’elle fait partie de ces gens qui, « en cas de crise, savent se hisser à un certain niveau de jeu »

Marine Tondelier expérimente depuis de nombreuses années l’union de la gauche. Aux élections municipales de 2014 à Hénin-Beaumont, elle figurait en deuxième position sur une liste d’union de la gauche soutenue par le PS, EELV, le PRG et le PCF-Front de gauche. En 2021, aux élections régionales dans les Hauts-de-France, elle était également en deuxième position sur la liste d’union de la gauche menée par Karima Delli. 

Marine Tondelier sait aussi mieux que personne le danger que représente le RN et la politique qu’il applique lorsqu’il est au pouvoir. En effet, celle qui a grandi à Hénin-Beaumont expérimente depuis 2014 la politique d’extrême droite du maire Steeve Briois dans la commune du Pas-de-Calais. Elue conseillère municipale la même année, elle relate dans un livre paru en 2017, Nouvelles du Front, son quotidien en tant qu’opposante au proche de Marine Le Pen. Pour cet ouvrage, elle avait été attaquée en diffamation par Steeve Briois et l’ex-adjoint Bruno Bilde, mais a gagné son procès.

De nombreuses défaites face au RN

La secrétaire nationale des Ecologistes a plusieurs fois affronté Marine Le Pen dans ce qui est devenu son fief. Dimanche dernier, elle s’était présentée comme suppléante de la candidate socialiste du Nouveau front populaire Samira Laal, qui a échoué (26,05%) face à Marine Le Pen, réélue au premier tour avec 58,04% des voix. En 2012 aux législatives, elle y affronte l’ex-présidente du FN ainsi que Jean-Luc Mélenchon, venu se confronter à la candidate d’extrême droite. Cette année-là c’est finalement le socialiste Philippe Kemel qui l’emporte au second tour face à Marine Le Pen. Cette dernière finira par s’imposer en 2017, puis en 2022. Marine Tondelier, qui n’atteindra pas le second tour en 2017, y parvient en 2022, perdant avec 37,6% des suffrages.

C’est ce combat de longue date contre le RN qui l’a fait craquer, lundi matin sur France Inter où elle était invitée à réagir aux propos formulés quelques minutes plus tôt sur la même antenne par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Alors qu’il appelait à ne pas se désister contre le RN pour un candidat LFI au second tour des législatives, émue, elle a lancé : « Cela fait dix ans que je vis dans une ville tenue par le RN, c’est un comportement de lâche et de privilégié, c’est hors sol, c’est lunaire, ce n’est pas à la hauteur de l’histoire ».

Pour parachever son combat contre l’extrême droite, Marine Tondelier réclame de pouvoir débattre avec Jordan Bardella, potentiel futur Premier ministre, avant le second tour des élections dimanche prochain. Mais ce dernier refuse, préférant s’opposer au leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. « Jordan Bardella a peur » de débattre avec elle car elle connaît « trop bien leurs méthodes », ont réagi les Ecologistes. « Je ne vais pas lâcher l’affaire. Sinon les femmes et l’écologie continueront d’être invisibilisées dans cette campagne, ce qui est un vrai problème », a ajouté la cheffe écologiste.

La séquence des législatives a fait oublier la déroute des écologistes aux européennes, et les critiques qui s’élevaient contre Marine Tondelier se font plus discrètes. Certains réclamaient un Congrès anticipé pour la remplacer et critiquaient le choix de leur cheffe de refuser toute liste commune de la gauche aux européennes. Partisane de l’union de la gauche, Marine Tondelier a dans le même temps toujours assumé de faire passer son parti en premier. Au moment de la création de la Nupes elle déclarait : « Chaque mouvement doit s’occuper de lui parce que jamais la Nupes ne sera plus forte si chacun des quatre partis ne cultive pas son jardin. Donc quand je vous dis que je veux travailler en priorité sur ce parti écolo, c’est ce qu’on a de mieux à faire. Et pour l’écologie, et pour la gauche et pour la France. » Que fera-t-elle le soir du 7 juillet ?


Justine FAURE

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