- La tendance « messy girl », pour « fille bordélique », s’oppose à la « clean girl ».
- Elle montre un besoin de s’affranchir du contrôle de soi et prône le lâcher-prise.
- Pourtant, cette absence de contrôle ne rend pas aussi libre qu’il n’y paraît.
Exit la « clean girl » tirée à quatre épingles avec son chignon parfait, ses vêtements de qualité bien ajustés, son maquillage impeccable et plein de fraîcheur, place à la « messy girl » ! Avec ses codes vestimentaires et beauté, la « fille bordélique » gagne le droit d’être désordonnée et de l’assumer.
D’où vient la tendance « messy girl » ?
La tendance a été popularisée en 2024, notamment grâce à la chanteuse pop rock britannique Lola Young et à son tube « Messy » (« bordélique »), qui signe là un vrai hymne anti-clean girl. Ne comprenez pas que la « messy girl » est sale et vit dans un capharnaüm. Non, mais elle s’autorise à ne pas avoir la coiffure, le maquillage et les vêtements parfaits sans rien qui dépasse. Parmi les grands modèles de la tendance, on reconnaît le style volontairement désordonné de Billie Eilish et de Charli XCX. Pourtant, elle n’est pas récente puisque Amy Winehouse arborait déjà un maquillage charbonneux dégoulinant, Kate Moss portait des bottes de pluie sur les tapis rouges et Courtney Love avait fait des collants déchirés sa marque de fabrique. « La tendance est un peu à mi-chemin entre le ‘soft grunge’ des années 2010 et ‘l’indie sleaze’ des années 2000. Sauf qu’aujourd’hui, toute tendance passe au filtre de l’algorithme et devient un hashtag »
, explique Sophie Abriat, autrice spécialiste de la mode et du luxe, à l’AFP.
Pourquoi la messy girl est-elle si tendance ?
Même si vous ne surfez pas sur les réseaux sociaux et ne souhaitez pas ressembler à ces personnalités en vogue, vous pouvez adopter la tendance « messy girl » sans scrupule. En s’autorisant l’imperfection, elle s’oppose aux diktats de la clean girl, comme un Dr Jekyll et Mister Hyde
de la mode. Au-delà de la coiffure, du maquillage et des vêtements, elle s’érige comme le droit au lâcher-prise sur le contrôle de soi et de son image. Elle offre l’occasion de s’accepter comme on est, de ne pas succomber aux injonctions du physique parfait et irréprochable, à l’hyperproductivité imposée par la société moderne. Comme le chantait Kurt Cobain, « Come as you are » !
La face cachée du phénomène « messy girl »
Qui dit tendances, dit normalisation. Même l’imperfection se codifie et s’impose des normes, rappelle Sophie Abriat. Avec tous les tutos en ligne pour arborer le look bordélique, la « messy girl » perd en spontanéité. Elle se construit au millimètre près pour coller à la tendance. On assiste alors à une véritable « mise en scène de l’authentique »
, constate Claire Roussel, journaliste spécialiste de l’impact de la mode, citée par La Dépêche
. Par ailleurs, la tendance n’a rien d’émancipatrice ni d’ouverte à toutes les femmes. Selon l’experte, elle est exclusivement « représentée par des femmes blanches, très minces, hyper hétéronormées »
, jusque sur les podiums de la dernière Fashion Week où les grands créateurs ont fait du style messy la nouvelle tendance…