
Avocate aux barreaux de Paris et de New York, Martine Bouccara est partie se former en criminologie aux Etats-Unis, un pays où la discipline, estime la titulaire d’un diplôme de criminologie à la City University of New York, est pleinement reconnue. Aujourd’hui professeure de criminologie en France, elle revient sur ces années décisives qui ont façonné son parcours.
Pourquoi êtes-vous partie étudier la criminologie à New York ?
Parce que, en France, la discipline n’avait – et n’a toujours pas – de véritable statut. Là-bas, j’ai été frappée par la place qui lui était accordée. Les cours mêlaient droit, éthique policière, médecine légale, sciences sociales… On apprenait à mesurer les phénomènes criminels dans toute leur complexité. Mon mémoire portait d’ailleurs sur les effets dissuasifs, ou non, de la peine capitale.
En tant qu’avocate pénaliste, en quoi ces études vous ont-elles été utiles ?
Elles changent tout. Une plaidoirie n’a pas le même poids quand l’avocat maîtrise les techniques de la police scientifique : il peut répondre aux experts judiciaires, les challenger, marquer des points face à eux. C’est déterminant dans un procès. Mais la criminologie dépasse le seul cadre du tribunal : procureurs, avocats, policiers… nous parlons tous d’êtres humains et de crimes. La pluridisciplinarité est donc une évidence. Chercher la vérité, c’est comprendre à la fois un fait et une personne. L’enseignement de la criminologie donne ces bases : il permet d’être plus aiguisé face à un médecin légiste, à un expert. Les étudiants sont passionnés, mais le problème reste le manque de débouchés.
Il vous reste 54.34% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.