Aïssata Kelli, réfugiée malienne mère de deux enfants, devant sa tente dans le camp de M’Bera, le 6 février 2025. 115 000 réfugiés vivent dans ce camp du sud de la Mauritanie.

L’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse les autorités mauritaniennes d’avoir commis de « graves violations des droits humains » à l’encontre de migrants et de demandeurs d’asile entre 2020 et le début de 2025, dans un rapport publié mercredi.

La Mauritanie, vaste pays désertique situé sur la côte atlantique ouest-africaine, est devenue depuis ces dernières années un point de départ pour de nombreux migrants venus de tout le continent, qui tentent de rejoindre l’Europe par la mer. Dans son rapport, HRW dénonce les accords passés entre l’Union européenne et l’Espagne avec la Mauritanie « pour externaliser le contrôle des flux migratoires », en dépit de ces violations des droits humains.

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Le rapport, qui s’appuie sur des centaines de témoignages, fait état de cas de torture, de viols, de sévices physiques, d’arrestations et de détentions arbitraires, d’extorsions ou encore d’expulsions sommaires et collectives. Les témoins interrogés accusent la police, les gardes-côtes, l’armée et la gendarmerie mauritaniennes d’être les auteurs de ces actes. Des dizaines de migrants passés par les centres de rétention mauritaniens ont décrit à HRW des « conditions et des traitements inhumains », comme le manque de nourriture, les mauvaises conditions d’hygiène et des coups infligés par les gardiens.

Expulsions collectives

Les autorités mauritaniennes ont refoulé des migrants « dans des lieux reculés le long des frontières avec le Sénégal et le Mali, où l’aide est limitée, et dans la région de Kayes, au Mali, où la situation sécuritaire met les personnes en danger », mentionne le rapport de HRW.

En début d’année, une vaste campagne d’expulsions de migrants avait suscité de vives critiques en Afrique de l’Ouest, poussant des pays, comme le Mali ou le Sénégal, à exprimer leur indignation. Les autorités mauritaniennes avaient qualifié ces expulsions d’opérations de « routine » visant les personnes en situation irrégulières, sans donner de chiffres quant à leur ampleur. Récemment, plusieurs médias mauritaniens ont avancé le chiffre de 28 000 expulsions depuis le début de l’année 2025, sans que cela ait été confirmé par les autorités.

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Des milliers de migrants ont perdu la vie au cours des dernières années en tentant de rejoindre l’Europe à partir de l’Afrique, via l’archipel espagnol des Canaries, à bord d’embarcations souvent surchargées. Pour la seule année 2024, l’ONG espagnole Caminando Fronteras a établi un bilan de 10 457 personnes mortes ou disparues en mer.

Les Canaries constituent la principale porte d’entrée des migrants en Espagne à partir de la côte nord-ouest de l’Afrique, malgré l’extrême dangerosité de cette route maritime. Selon le ministère espagnol de l’Intérieur, 46 843 migrants sont arrivés dans l’archipel en 2024, un chiffre dépassant largement le plus élevé jusqu’ici, établi en 2023 (39 910). Le rythme s’est nettement ralenti depuis ces derniers mois, le nombre d’arrivées dans les Canaries baissant de 46 % entre la première moitié de 2025 et la même période en 2024, selon le ministère.

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Le Monde avec AFP

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