Moins d’un mois après avoir pris la présidence du directoire de Bayard, le 1er novembre, François Morinière est-il en train de donner un coup de barre à droite au groupe de presse et d’édition ? Certains salariés de l’entreprise – qui édite le quotidien catholique La Croix, l’hebdomadaire Le Pèlerin, le mensuel Notre Temps, mais aussi des titres phares de la presse jeunesse comme Pomme d’Api, Astrapi, Okapi, J’aime lire, ainsi que Wapiti ou 1jour1actu (sous la marque Milan, sa filiale) – s’inquiètent des premières décisions prises par le remplaçant de Pascal Ruffenach, parti à la retraite le 31 octobre.

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Selon nos informations, confirmant celles de Libération et de L’Humanité, Alban du Rostu, l’ex-bras droit du milliardaire catholique conservateur Pierre-Edouard Stérin, va être nommé directeur de la stratégie et du développement du groupe Bayard, une création de poste. L’annonce a été confirmée par François Morinière lors du comité social et économique (CSE) extraordinaire qui s’est tenu lundi 25 novembre. Son arrivée n’a pas encore fait l’objet d’un courriel interne officiel, mais le trentenaire était déjà dans les locaux ce lundi.

Depuis 2021 et jusqu’à l’été 2024, Alban du Rostu dirigeait le Fonds du bien commun, une organisation philanthropique financée par le milliardaire Pierre-Edouard Stérin, qui ne cache pas ses positions anti-IVG et son inquiétude d’un « grand remplacement », théorie raciste fantasmant la disparition de l’identité française en raison de l’immigration. M. du Rostu a aussi été son émissaire durant la tentative de rachat avortée de l’hebdomadaire Marianne. « Vient-il à Bayard avec un agenda politique ? François Morinière nous a assuré que non. Nous allons rester extrêmement vigilants », explique une élue du personnel qui souhaite conserver son anonymat.

Relais entre les ténors de la droite

« Je n’aurai pas du tout de rôle éditorial », minimise Alban du Rostu auprès du Monde, estimant avoir été recruté pour son « expertise dans le développement de nouveaux business models ». S’il prétend n’avoir aucune proximité avec un bord politique, Alban du Rostu sert depuis trois ans de relais entre les ténors de la droite (Eric Ciotti, Laurent Wauquiez, David Lisnard et François-Xavier Bellamy) et Pierre-Edouard Stérin.

Bien qu’il ait joué un rôle clef dans les initiatives politiques de M. Stérin, avec lequel il est resté en bons termes, il réfute toute participation au projet Périclès, une plateforme ayant pour but de former une nouvelle élite politique d’union de la droite et de l’extrême droite. Ces dénégations sont loin de convaincre tout le monde à Bayard. « Le profil de M. du Rostu ne nous correspond pas car nous défendons un catholicisme qui n’est pas identitaire », tance un journaliste.

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