Nos armoires et nos placards débordent de médicaments que nous n’utilisons pas.
Que deviennent ces millions de boîtes à peine ouvertes une fois que vous les avez apportées chez votre pharmacien ?
La réponse, à retrouver dans ce Grand Format du 20H de TF1, pourrait vous étonner.

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Le 20H

« Des fois, on prend des médicaments parce qu’ils sont sur une ordonnance mais après, on ne sait même pas à quoi ils servent. » Comme beaucoup de Français, ce père de famille, qui témoigne auprès de TF1 dans le reportage du JT de 20H de ce mercredi 3 juillet, à retrouver en tête de cet article, accumule les médicaments non utilisés dans un tiroir. En France, nous en gaspillons plus d’un tiers. Dans une officine de Montreuil (Seine-Saint-Denis), le pharmacien Hicham Jaber nous montre un exemple d’ordonnance à rallonge rédigée par un médecin : « Sur les dix lignes de médicaments prescrits, on n’en a délivré que deux. » Le patient a estimé qu’il n’avait pas besoin des autres. Un tri qui, en l’occurrence, a évité que huit produits ne soient pas utilisés.

Mais dans la plupart des cas, les boîtes finissent par être stockés chez les patients. Certains les jettent à la poubelle, dans l’évier ou dans les toilettes. Une pratique dangereuse : ces médicaments finissent par polluer les sols et les rivières, voire par être récupérés par des gens pouvant mal les utiliser, ou les revendre illégalement. Qu’ils soient neufs, entamés ou périmés, il convient donc de rapporter ces boîtes en pharmacie : en tout, 9.000 tonnes de médicaments non utilisés sont ainsi récupérées chaque année par la filière de recyclage appelée Cyclamed. Mais que deviennent-ils ensuite ?

Contrairement aux idées reçues, ils ne seront pas réutilisés, pour des raisons sanitaires de traçabilité et, là encore, afin d’éviter d’alimenter le marché noir. Ces boîtes sont en fait jetées par les pharmaciens dans des cartons dédiés, que des livreurs travaillant pour des grossistes répartiteurs vont ensuite transporter. TF1 a suivi le parcours des médicaments dont Hicham Jaber s’est débarrassé, d’abord jusqu’aux conteneurs d’un entrepôt de Drancy (Seine-Saint-Denis), puis… jusqu’à une usine d’incinération des déchets ménagers à Couëron (Loire-Atlantique), étape finale de leur périple.

Sur place, comme le montrent nos images ci-dessus, on constate que les médicaments sont tout simplement mélangés avec les autres ordures, pour être brûlés à 1000 °C et transformés en gaz de chauffage. « Les médicaments ne sont pas traités à part, même s’ils sont bien tracés de façon sélective depuis leurs points de collecte, pour sécuriser ce déchet très particulier », nous explique Annaïg Pesret-Bougaran, directrice de cette usine de valorisation énergétique Veolia.

Mais au fait, à combien s’élève ce gaspillage de médicaments non utilisés ? Personne n’a pu nous répondre, à part les infirmières de plusieurs cabinets libéraux ayant organisé des collectes chez leurs propres patients, avant d’effectuer un décompte puis des projections à l’échelle de toute la France. Elles estiment à 123 millions d’euros le gâchis mensuel, soit 1,5 milliard d’euros par an. Comment expliquer que personne avant elles n’ait tenté d’évaluer ce gaspillage ? « Nous, les infirmiers, nous ne vendons rien, répond à TF1 Ghislaine Sicre, présidente du syndicat Convergence Infirmière. Je pense que le problème vient de là. Tous les autres ont des intérêts. » Une certitude : les professionnels du médicament en France se refusent toujours à vendre à l’unité, bien que cela se fasse dans de nombreux pays, comme le Royaume-Uni par exemple.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Gwenaelle Bellec, Simon Humblot, Maxence Labreux

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