La Meute (Flammarion, 352 pages, 22 euros), livre-enquête que les journalistes Charlotte Belaïch, de Libération, et Olivier Pérou, du Monde, ont consacré à Jean-Luc Mélenchon et à La France insoumise (LFI), apporte un témoignage fouillé sur le fonctionnement pyramidal de l’organisation, la personnalisation absolue des décisions et le leadership autoritaire exercé par celui-ci.

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A l’exception de Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), qui a affirmé que les « comportements de la direction de LFI se rapprochaient d’une secte », la retenue est de mise à gauche pour deux raisons : d’une part, la peur de renvoyer le sentiment d’une citadelle assiégée qui galvanisera les militants et électeurs « insoumis » ; de l’autre, la crainte de mécontenter un partenaire de gauche dont on redoute les représailles.

Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Ecologistes, a confirmé, sur France 2, le 7 mai, avoir reçu de Mélenchon un SMS qui dit : « On va te renvoyer la dose que tu mérites. » Ces messages intimidants, violents, et souvent à caractère sexiste sont légion. Pourtant, la plupart des dirigeants et militants de gauche en ayant été victimes continuent de se taire. Ces interpellations empruntent aux registres du harcèlement et de la séduction (Raquel Garrido a qualifié d’« emprise », le 6 mai, sur BFM-TV, les rapports ambivalents qu’entretient Mélenchon avec ses proches).

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LFI, mouvement personnel, conçu et organisé pour qualifier Mélenchon au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017, s’est lui-même considéré comme « populiste » et « gazeux ». Si les politistes constatent la personnalisation adémocratique de LFI, certains la justifient sur deux plans : l’organisation de type « léniniste » serait adaptée au présidentialisme de la Ve République, aux nouveaux espaces médiatiques (en particulier les réseaux sociaux) et aux transformations profondes du militantisme (plus fluide et éphémère qu’autrefois). Selon un schéma populiste, Mélenchon serait ce dirigeant volontaire, charismatique, visionnaire, en adéquation avec les nouvelles structures du jeu et des institutions politiques. Par ailleurs, ce fonctionnement autoritaire, certes moralement discutable, serait justifié car il serait porteur de succès électoraux.

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