Au lendemain de l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, le pouvoir russe a considéré, jeudi 6 mars, comme une « menace » sa proposition de protéger l’Europe par le parapluie nucléaire français.
Le Kremlin l’a accusé de vouloir « que la guerre continue », quand le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, l’a comparé à Hitler et Napoléon.
Le président russe, Vladimir Poutine, a lui rappelé à son homologue français « comment s’était terminée » la campagne de Napoléon en 1812 à Moscou.

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Sa prise de parole a braqué Moscou. Dans une allocution télévisée à la Nation, mercredi 5 mars, Emmanuel Macron a averti que la Russie était devenue « une menace pour la France et pour l’Europe ». Tout en dénonçant l’« agressivité » russe, le locataire de l’Élysée a annoncé son intention d’« ouvrir le débat stratégique » sur la protection de l’Europe par la dissuasion nucléaire française.

« Bien sûr, c’est une menace contre la Russie. S’il nous voit comme une menace » et « dit qu’il est nécessaire d’utiliser l’arme nucléaire, de se préparer à utiliser l’arme nucléaire contre la Russie, bien sûr, c’est une menace », a dénoncé, jeudi 6 mars, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Il a qualifié d’« absurdes » et « délirantes » les accusations selon lesquelles Moscou aurait l’intention d’attaquer l’Europe.

« Contrairement à ses prédécesseurs, qui ont également cherché à combattre la Russie – Napoléon et Hitler -, M. Macron n’agit pas de manière très diplomatique », a-t-il ajouté au cours d’un point-presse. « Parce qu’ils ont déclaré ouvertement : ‘Nous devons conquérir la Russie, nous devons vaincre la Russie.’ Apparemment, il veut la même chose, mais pour une raison quelconque, il dit qu’il faut combattre la Russie pour qu’elle ne batte pas la France, que la Russie représente un danger pour la France et pour l’Europe. »

Apparemment, il veut la même chose

Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères

Une comparaison aussi formulée par Vladimir Poutine. Le chef du Kremlin a rappelé à Emmanuel Macron l’issue de la campagne de Napoléon Bonaparte contre Moscou en 1812, qui s’était conclue par une retraite française désastreuse. « Certains aspirent encore à revenir à cette époque, oubliant comment cela s’est terminé », a-t-il lancé lors d’une réunion avec les membres de la Fondation des défenseurs de la patrie à Moscou. Il a souligné que la France n’avait pas réussi à conquérir la Russie dans le passé et échouerait à nouveau.

Dans l’entourage de Poutine, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui accusé le président français de vouloir « que la guerre continue » en Ukraine. Il a jugé que son discours était « vraiment extrêmement conflictuel ». « Il peut difficilement être perçu comme un discours d’un chef d’État qui pense à la paix. La France pense plutôt à la guerre », a-t-il dit, dénonçant également sa « rhétorique nucléaire » et sa « prétention au leadership nucléaire en Europe ».

La France pense plutôt à la guerre

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin

« On parle de la Russie qui devient presque un ennemi de la France », a-t-il encore dénoncé le haut responsable lors d’un briefing auquel participe l’AFP, accusant Paris de passer sous silence l’élargissement de l’Otan, que Moscou considère comme une menace existentielle à ses frontières.

« C’est un conteur », a estimé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, comparant Emmanuel Macron à Ole Lukoje, un personnage d’un conte de fée danois de Hans Christian Andersen qui avait deux parapluies magiques qu’il ouvrait aux enfants endormis. Elle a déploré qu’il fasse « tous les jours des déclarations tout à fait déconnectées de la réalité et qui contredisent ses déclarations précédentes ». Selon elle, le président français « devra s’excuser auprès de sa propre population pour l’avoir induite en erreur ».


Y.R. avec AFP

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