Parolier engagé, voix du rap français depuis les années 2000, Youssoupha, de son nom Mabiki, achève sa tournée d’un an au Zénith de Paris, le 4 décembre, pour son septième album, Amour suprême. L’artiste franco-congolais de 46 ans, cheveu sur une langue pesée et poétique, nous reçoit au siège de sa maison de disques, Believe, porte de Saint-Ouen, dans le 17arrondissement de Paris.

Je ne serais pas arrivé là si…

… Si je n’avais pas fait ce voyage vers la France, à 9 ans, pour y vivre. Ce vol de sept heures, seul, côté hublot, entre Kinshasa et Paris, était mon premier voyage. C’est un départ subi, auquel je n’étais pas préparé, que je n’ai pas compris tout de suite, et qui a fait basculer mon existence. J’ai dû apprendre à m’adapter, à écrire une vie après cet événement.

Comment était la vie au Congo avant ce départ ?

A Kinshasa, j’étais un enfant épanoui. J’ai grandi avec ma mère, Antoinette. Elle m’a élevé seule, mais sans animosité vis-à-vis de mon père absent. Elle me suffisait. Nous n’étions pas à plaindre, mais c’était le bidonville, la rue en terre, l’électricité symbolique, des amas d’ordures, l’eau difficile d’accès… On gambadait avec mes cousins, on jouait au foot. A l’école, j’étais bon, sans le savoir. Vers 6 ou 7 ans, une enseignante a écrit en rouge, en marge des exercices, « vu ». Je l’ai mal vécu parce que je pensais que c’était une réprimande.

L’école était-elle importante pour votre famille ?

Pour ma mère, oui. Elle en avait été privée à l’adolescence, alors elle y tenait pour moi. J’ai le souvenir, petit, qu’elle était différente dans le Congo des années 1980 : elle n’était pas mariée, elle travaillait, voyageait en France, chantait de la chanson française… Et pourtant, toutes mes tantes sont parties pour l’Europe, c’est la seule qui est restée à Kinshasa, avec ma grand-mère. Elle était internationale, cultivée, aimait la France, mais restait une vraie femme africaine.

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