
C’est l’un des plus anciens cold cases à aboutir à un procès en France : trente et un ans après les faits, Pascal Lafolie a été condamné à la peine maximale, trente ans de réclusion criminelle, pour le meurtre de Nadège Desnoix, lycéenne tuée dans l’Aisne en 1994. La peine, assortie d’une période de sûreté des deux tiers, est conforme aux réquisitions de l’avocate générale devant la cour d’assises de l’Aisne.
A l’annonce du verdict, les proches de Nadège Desnoix, présents pendant les quatre jours du procès et vêtus jeudi 25 septembre de tee-shirts sur lesquels le visage de la jeune fille était imprimé, n’ont pu retenir leurs larmes. Son frère William Desnoix a dit ressortir « apaisé » d’un procès pourtant « extrêmement difficile ». « Nous avons été entendus, il a été lourdement condamné, c’était tout ce qu’on attendait », a-t-il déclaré, soulagé.
L’avocat des frères et de la sœur de Nadège Desnoix, Me Gérard Chemla, s’est aussi félicité de cette décision, la cour ayant ainsi « dit clairement qu’il est coupable (…) qu’il est dangereux, qu’il n’y a pas de circonstances atténuantes et qu’il mérite le maximum de la peine ». « Justice a été rendue autant qu’elle pouvait l’être », a-t-il tempéré, déplorant que la peine ne s’ajoute pas à celles déjà purgées pour d’autres faits et craignant que « dans trois ou quatre ans, nous puissions imaginer que Pascal Lafolie soit dehors », et constitue une « menace pour les femmes ».
La peine de trente ans de réclusion englobe une dizaine d’années de détention déjà effectuées depuis le meurtre par Pascal Lafolie, aujourd’hui âgé de 58 ans, pour une agression sexuelle commise en 1996 et un viol en 2000. Pascal Lafolie « envisage sérieusement de faire appel », a annoncé Me Justine Devred, son avocate.
Lors de ses réquisitions, l’avocate générale avait dressé un portrait glaçant de l’accusé, un homme qui « sait mentir et tente constamment de manipuler », au « tempérament extrêmement violent » dans toutes les sphères, notamment privée. Il a fait montre d’une « intolérance à la frustration sexuelle » et a « peu de considération pour le consentement des partenaires », a-t-elle martelé. « La loi telle qu’elle est actuellement ne permet pas de maîtriser la dangerosité de Pascal Lafolie », a alerté la magistrate.
Confondu par l’ADN
Me Justine Devred avait reconnu les « pulsions » de son client, tout en dépeignant un personnage « à l’enfance cabossée », devenu un adulte « agaçant » car il n’a « jamais eu les codes », et influencé, voire écrasé par son grand frère, également violent. Jusqu’au dernier jour du procès, elle a martelé, comme son client, que ce dernier « ne se souvient pas » d’avoir tué Nadège Desnoix.
Pascal Lafolie avait d’abord admis les faits en garde à vue, avant de se rétracter et de rejeter la culpabilité sur son frère, décédé et dont l’implication a été écartée lors de l’enquête. Il s’est pourtant dit, lors de ses derniers mots devant la cour, « désolé d’avoir emmené [s]on frère sur ce chemin-là » où se trouvait Nadège le jour de sa mort. Ce sont ses seuls mots d’excuses lors du procès.
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Le corps sans vie de Nadège Desnoix, 17 ans, avait été retrouvé fin mai 1994, lacéré de coups de couteau sur un sentier menant à son lycée de Château-Thierry. L’enquête a patiné jusqu’à ce qu’en 2021, des expertises révèlent une correspondance entre l’ADN de Pascal Lafolie, prélevé dans le cadre d’une affaire de violences conjugales, et celui retrouvé sur le chouchou que Nadège Desnoix portait au moment de sa mort.
Pour la famille de Nadège Desnoix, « c’est le combat d’une vie qui a, heureusement, abouti », a affirmé Arnaud Miel, avocat de la mère de la victime. Un combat durant lequel est mort le père de Nadège Desnoix, « mort de chagrin à cause de ce boucher », a déclaré l’avocat à l’audience, en pointant l’accusé dans son box.
Après le procès, il a ajouté qu’il n’y avait « aucun doute » qu’il y ait pu y avoir « d’autres femmes » victimes du même homme, soulignant que le pôle criminel de Nanterre spécialisé sur les cold cases « travaille énormément sur les dossiers » le concernant.