Quarante-huit heures après le quintuple meurtre survenu samedi 14 décembre dans les environs de Dunkerque, la piste d’une vengeance professionnelle se dessine, le tireur présumé ayant travaillé pour sa première victime ainsi qu’au sein de l’entreprise où exerçaient les deux suivantes.

Le suspect de 22 ans, qui s’est rendu à la gendarmerie de Ghyvelde (Nord), petite commune à la frontière belge, samedi, avait de la rancœur envers sa première victime, Paul Dekeister, qui était son ancien employeur, a rapporté l’avocate du suspect, Véronique Planckeel.

Cet homme de 29 ans, qui dirigeait une société de transport routier, a été tué vers 15 h 15 samedi à Wormhout devant son domicile par plusieurs tirs d’armes à feu. « On ne sait pas la manière dont s’est rompu le contrat de travail », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) l’avocate, pour qui « beaucoup de zones d’ombre demeurent » sur le mobile. Selon une source proche du dossier, une vengeance après un différend professionnel fait partie des pistes privilégiées.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés A Dunkerque, la stupéfaction après un quintuple meurtre

Le suspect a « reconnu » les faits

Me Planckeel souligne que son client, en garde à vue depuis samedi, « a spontanément reconnu les faits et est très posé, très calme ». Elle n’est cependant « pas sûre que ce garçon comprenne vraiment les conséquences de ses actes » ni qu’il « sache lui-même quoi répondre » aux enquêteurs.

Le tueur présumé a en outre été salarié de l’entreprise Eamus Cork Security (ECS) pour laquelle travaillaient ses deux victimes suivantes, deux agents de sécurité, a dit lors d’un point presse Patrick Guerbette, fondateur d’ECS.

Il y a effectué « une période de formation et de contrat de professionnalisation (…) il y a plus d’un an et demi » durant laquelle il n’a été la cible d’« aucun reproche », a ajouté M. Guerbette. Selon lui, il n’avait alors « pas du tout » été en contact avec les deux agents pris pour cible.

Ces deux pères de famille trentenaires, Marc et Aurélien, ont été tués dans la zone portuaire de Loon-Plage, en périphérie de Dunkerque. Ils étaient en mission de surveillance à bord d’un véhicule d’entreprise, a ajouté lors du point presse Bruno Willems, PDG d’ECS.

« Peur, stress et précarité au maximum »

Pour Patrick Guerbette, « n’importe qui se serait trouvé là, à ce moment-là, sur la route, aurait pu être une victime ». D’après l’avocate du suspect, sur les deux agents de sécurité, « il en connaissait un de vue, semble-t-il, c’est tout ». Enfin, a-t-elle ajouté, il n’y a pour l’heure « pas d’explication » au meurtre quelques minutes plus tard et à cinq kilomètres de là de deux migrants à proximité d’un campement. Ceux-ci « pourraient être de nationalité iranienne (…), âgés de 19 et 30 ans », a affirmé dimanche la procureure de Dunkerque, Charlotte Huet, par un communiqué.

Newsletter

« La revue du Monde »

Chaque week-end, la rédaction sélectionne les articles de la semaine qu’il ne fallait pas manquer

S’inscrire

« De nombreuses personnes » sur le campement « nous ont demandé de la protection, un hébergement », a affirmé Célestin Pichaud, coordinateur de l’association Utopia 56. « La peur, le stress et la précarité sont au maximum », a-t-il alerté. Le suspect « est inconnu des services de police et de l’autorité judiciaire » et « plusieurs armes à feu ont été retrouvées dans sa voiture », a précisé Charlotte Huet, dimanche.

L’enquête a été ouverte pour « meurtres précédés, accompagnés ou suivis d’un autre crime » et « acquisition, détention, port et transport d’armes de catégorie A et B », des faits passibles de la réclusion à perpétuité. Cette garde à vue peut durer « jusqu’à quatre-vingt-seize heures, c’est-à-dire jusqu’à mercredi », a précisé la procureure dans son communiqué.

Lire aussi | Meurtres près de Dunkerque : le tueur présumé, inconnu de la police, transportait plusieurs armes

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version