Des dosettes contenant du miel mélangé à des médicaments se revendent sous le manteau, entre 5 et 10 euros l’unité.
Des produits frauduleux, en apparence anodins, qui peuvent s’avérer extrêmement dangereux pour la santé.
Ils s’appellent « Jaguar power honey », « Black horse vital honey » ou encore « Roya Kong Honey ». La composition de ces miels vendus comme aphrodisiaques se limite, d’après leur notice, à des substances naturelles, comme du ginseng, de la gelée royale ou de l’Eurycoma longifolia, une plante à laquelle on prête des vertus aphrodisiaques, si bien qu’ils sont souvent perçus comme inoffensifs. À tort ! En effet, ces produits frauduleux contiennent, de manière cachée, de puissants médicaments tels que le tadalafil ou le sildénafil, tous deux utilisés en cas de troubles érectiles et soumis à prescription médicale.
Importé de manière illégale sur le sol français, ce miel dit aphrodisiaque est vendu de manière toute aussi illégale, principalement via des annonces sur les réseaux sociaux, entre 5 et 10 euros l’unité. « Ils utilisent ces produits pour booster leur libido et améliorer leurs performances sexuelles. Ce ne sont pas des personnes qui ont des problèmes d’érection. Souvent, les acheteurs ignorent que ces produits contiennent des médicaments contre les troubles de l’érection« , souligne le Dr Sandra Sinno-Tellier, adjointe à la directrice des alertes et des vigilances sanitaires à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Une saisie record de 13 tonnes
La marchandise est importée par la voie maritime dans des conteneurs en grande quantité, ou bien par le biais du fret express, en plus petit volume, depuis la Malaisie, la Thaïlande, la Tunisie ou encore la Turquie. En novembre 2024, la Douane française a saisi quelque 860.000 dosettes, soit plus de 13 tonnes de miel « érectile » (nouvelle fenêtre), dans le port de Marseille. « 2024 a marqué un record absolu, tant en termes de constatations que quantités saisies« , s’alarmait la Douane française en début de semaine.
Des cas d’intoxications en hausse
L’an dernier, une vingtaine d’appels pour des cas d’intoxications lié à ce miel « érectile » ont été enregistrés par les centres antipoison. « Ce sont presque exclusivement des hommes, âgés de 20 et 52 ans. Mais la moyenne, c’est plutôt autour de 30 ans« , indique auprès de TF1info le Dr Sandra Sinno-Tellier. Selon cette spécialiste, ces cas ne sont que la partie émergée de l’iceberg, car les gens appellent uniquement s’ils ont des effets indésirables.
Le tout premier cas d’intoxication lié à la consommation de ce miel a été signalé à l’Anses en février 2020. Un patient avait dû être hospitalisé en réanimation pour « convulsions, œdème cérébral, insuffisances respiratoire et rénale majeures« , rapportait l’agence dans un bulletin de vigilance. En 2021, un homme de 36 ans, sans antécédent particulier, avait présenté une érection permanente entraînant des troubles irréversibles de la fonction pénienne. Preuve que la consommation de ces produits frauduleux n’est pas sans danger.
