Depuis qu’Enrico Letta [ancien premier ministre italien] puis Mario Draghi [ancien président de la Banque centrale européenne] ont écrit dans leurs rapports qu’environ 300 milliards d’euros d’épargne européenne fuyaient chaque année, principalement vers l’économie américaine, tout le monde répète qu’en la mobilisant mieux on financera sans mal les investissements dont l’Europe a besoin pour bâtir son autonomie stratégique (énergies renouvelables, automobile, matières premières critiques, etc.).

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Mais que signifie « mieux mobiliser l’épargne » ? A vrai dire, pas grand-chose ! Ce n’est pas l’épargne qu’il faut mieux mobiliser, mais les banques, les assureurs et autres acteurs financiers qui la gèrent. A force de détourner la responsabilité du système financier, la fameuse « boussole de compétitivité » de la Commission européenne nous fait perdre le nord.

L’épargne des ménages est la partie non consommée de leur revenu disponible. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) l’évalue pour la France à 301 milliards d’euros pour 2023, soit un « taux d’épargne » de 16,9 % (en proportion du revenu disponible brut).

Qu’en font les ménages ? Quatre usages : ils laissent de l’argent à la banque sur leurs comptes courants, livrets d’épargne, etc. ; ils souscrivent des contrats d’assurance-vie et parfois des plans d’épargne en actions (PEA) ; ils achètent des titres (actions, obligations) parfois via des gérants d’actifs ou de fortune ; et quand l’argent accumulé constitue un apport suffisant, ils achètent un bien immobilier (57 % d’entre eux sont propriétaires de leur résidence principale), le plus souvent en complétant leur apport par un crédit bancaire. Ainsi se constitue, au fil de l’épargne accumulée, le patrimoine des ménages. En France, déduction faite des dettes, il s’élève à 14 616 milliards d’euros, dont 10 141 milliards d’actifs non financiers (logements, terrains, objets de valeur).

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