
Le gouvernement britannique s’est félicité, vendredi 4 juillet, d’un « durcissement » dans les pratiques des forces de l’ordre françaises pour intercepter les migrants embarquant sur des bateaux dans le nord de la France pour rejoindre l’Angleterre.
Des images diffusées vendredi sur la BBC, tournées sur une plage, montrent des membres des forces de l’ordre françaises aller dans l’eau peu profonde jusqu’à un bateau pneumatique avec de nombreux migrants à son bord, parmi lesquels des enfants, et le crever à coups de cutter.
« Ce que nous avons vu ce matin était un moment important, a réagi un porte-parole du premier ministre britannique, Keir Starmer. Nous saluons l’action des forces de l’ordre françaises pour intervenir dans les eaux peu profondes, et ce que vous avez vu ces dernières semaines est un durcissement de leur approche. » « Nous voyons de nouvelles tactiques utilisées pour perturber ces bateaux avant qu’ils ne commencent leur voyage », a poursuivi le porte-parole. « Avec tous les autres leviers que le gouvernement active, nous pensons que cela peut avoir un impact majeur pour mettre fin aux tactiques utilisées par ces gangs » de passeurs, a-t-il ajouté.
Selon la préfecture régionale des Hauts-de-France, vendredi à 8 h 30, un taxi-boat est venu embarquer des passagers sur la plage de Saint-Etienne-au-Mont (Pas-de-Calais, sur la côte française). L’embarcation transportait déjà trente personnes « lorsque une cinquantaine de migrants (hommes, femmes et enfants) s’est présentée sur la plage », a-t-elle précisé. Six militaires « sont restés en sécurisation lors de l’embarquement, en application des ordres ».
Lors de l’embarquement, « les personnes situées à l’eau à l’arrière du small boat couraient un danger immédiat », ce qui a conduit les gendarmes à intervenir afin d’éviter une « prise de risque aux passagers d’un esquif d’évidence très fragile, a poursuivi la préfecture. Aucune personne n’a été blessée ou a nécessité une prise en charge par les secours. »
Pression
Outre cette embarcation, dans la nuit de jeudi à vendredi, puis dans la journée, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a précisé que 149 migrants tentant de rejoindre l’Angleterre ont été secourus, dont 81 sur une même embarcation au large de Calais.
Le Royaume-Uni fait pression sur la France pour que celle-ci modifie la « doctrine » d’intervention des policiers et gendarmes en mer afin de pouvoir intercepter jusqu’à 300 mètres des côtes les taxi-boats. Ces derniers embarquent des migrants directement dans la mer pour éviter les contrôles sur les plages.
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Conformément au droit international de la mer, une fois qu’une embarcation navigue, les autorités ne doivent faire que du sauvetage et ne sont pas supposées intervenir pour intercepter les migrants, afin d’éviter des noyades.
En avril 2024, des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) avaient déjà été témoins d’une scène où un policier, avec de l’eau jusqu’aux genoux, avait planté son couteau dans le boudin d’une embarcation, sous les jurons d’un migrant en larmes. Ce dernier était finalement parti une heure plus tard à bord d’une autre embarcation de fortune surchargée.
Le premier ministre travailliste, Keir Starmer, arrivé au pouvoir il y a un an et sous la pression de l’extrême droite qui progresse, a promis de « reprendre le contrôle des frontières ».
Mais plus de 20 500 personnes ont traversé la Manche sur les six premiers mois de l’année, un record ; cela représente une augmentation de près de 48 % par rapport à la même période de 2024. Un record annuel avait été atteint en 2022 avec 45 774 arrivées de migrants.