L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
Quel beau film de fin d’août ! Un songe bucolique. Un conte plein de mystère tapi à la porte de la réalité. Une étrange et ensoleillée suspension du temps. Jusque dans cette feinte simplicité, qui recouvre des trésors de subtilité, de profondeur, de délicatesse. Christian Petzold, à 64 ans, s’est imposé de longue date comme la tête de pont internationale des auteurs de cinéma allemands. On l’a découvert en France avec Contrôle d’identité (2001), un film sur une famille de fugitifs en proie aux fantômes d’un passé ultraviolent. S’ensuit une œuvre discrètement obsessive, romantique, habitée par quelques grands motifs. Le passé qui ne passe pas. Les abîmes familiaux. Les amours fatales. Les pannes et accidents de voiture. Le dédoublement d’identité. Le retour spectral des morts dans la réalité.
Ici, l’histoire d’une étudiante en musique berlinoise, Laura (Paula Beer), dont le compagnon, qui la raccompagne à la gare après qu’elle a brutalement renoncé à se joindre à une sortie collective, meurt dans un accident de voiture sur une route de campagne. Commotionnée mais survivante, la jeune femme est recueillie le temps de sa guérison par Betty (Barbara Auer), une sexagénaire qui habite seule une maison isolée à quelques pas de l’accident. Les deux femmes, en peu de mots, apprennent à se connaître, plus assurément à se reconnaître.
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