Mise en examen et écrouée pour ses liens supposés avec le banditisme corse, la magistrate Hélène Gerhards va pouvoir sortir de détention provisoire, a annoncé mercredi 17 avril la cour d’appel d’Aix-en-Provence.

Mais cette remise en liberté est assortie de sévères restrictions, avec notamment « l’interdiction de rentrer en contact avec tous les protagonistes de l’affaire, l’interdiction d’exercer la profession de magistrate d’ordre judiciaire et l’interdiction de se rendre » en Corse, a précisé Laurent Becuywe, président de la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence.

Juge d’instruction en Corse de 2010 à 2016, Mme Gerhards est mise en examen pour onze infractions dont « association de malfaiteurs », « détournement de fonds publics » et « faux en écriture publique par un dépositaire de l’autorité publique ». Elle avait été placée en détention provisoire le 5 avril, des décisions exceptionnelles concernant un magistrat.

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Des liens noués avec un membré présumé du « Petit Bar »

Les enquêteurs, qui sont sur l’affaire depuis 2020, la soupçonnent notamment d’avoir, en échange de travaux non déclarés et payés au rabais au sein de sa villa de luxe située au sud d’Ajaccio avec son ancien compagnon, un ex-gendarme, « rendu des services » à des membres du banditisme insulaire notamment des informations sur des procédures judiciaires en cours et des conseils juridiques.

Lors d’écoutes téléphoniques, les enquêteurs ont notamment surpris des liens noués entre la magistrate et Johann Carta. Ce dernier, condamné à quatorze reprises, entre autres pour outrage et travail dissimulé, est un membre présumé du banditisme corse proche du clan mafieux du « Petit Bar ».

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Présidente de la cour d’assises du Lot-et-Garonne jusqu’en janvier 2023, Hélène Gerhards avait clamé mardi son innocence et demandé la fin de sa détention provisoire au cours de l’audience. « Mettez-moi sous contrôle judiciaire, avec un bracelet, peu importe. Je respecterai tout mais ne me faite pas vivre encore cela », avait-elle supplié au tribunal.

Un de ses avocats, Yann Le Bras, estime dans une déclaration à l’Agence France-Presse que cette décision « est un immense soulagement » et « un long travail va pouvoir débuter pour faire la démonstration de son innocence ». « Notre cliente est apparue hier [mardi] à l’audience de la cour d’appel d’Aix, amaigrie et dévastée après ce cauchemar depuis deux semaines », a-t-il ajouté.

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Le Monde avec AFP

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