La proposition de monétiser la cinquième semaine de congés payés est « un droit nouveau », qui « resterait à la main de chaque salarié » et qui sera soumise aux partenaires sociaux, a assuré, jeudi 17 juillet, la ministre du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, sur les réseaux sociaux. Ce n’est « absolument pas une mesure ou une décision unilatérale du gouvernement dont les paramètres sont fixés à l’avance », a-t-elle insisté, alors que la mesure a été très fraîchement reçue par la CFDT, le premier syndicat du pays.

Cette piste a été avancée mardi par Mme Panosyan-Bouvet lors de la conférence de presse du premier ministre, François Bayrou, au cours de laquelle il a annoncé ses orientations budgétaires pour 2026. La mesure est passée relativement inaperçue au milieu de nombreuses mesures présentées par le gouvernement pour redresser les comptes du pays. Au point que le ministre des finances, Eric Lombard, a semblé la découvrir jeudi matin quand il a été interrogé par des journalistes.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La riposte syndicale s’organise contre les orientations budgétaires de François Bayrou

Sur les réseaux sociaux, jeudi, la ministre a assuré que cette piste serait soumise aux partenaires sociaux, appelés à « négocier, s’ils le souhaitent, sur son principe et sur ses modalités ». Il s’agit, selon elle, d’un « droit nouveau, sans remise en cause des droits et protections actuels », mais qui « resterait à la main de chaque salarié ». « Il faut que l’employeur et le salarié soient d’accord pour le rachat de tout ou partie de cette cinquième semaine », a-t-elle ajouté. Une cinquième semaine instaurée en janvier 1982 par le gouvernement Mauroy.

Ce principe existe « déjà », « comparable à celui du rachat des RTT », selon elle, défendant un « droit supplémentaire qui vise à la fois à plus de travail et à plus de pouvoir d’achat, dans lequel certains pourraient trouver leur compte ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Budget 2026 : François Bayrou veut accorder « la priorité au travail »

« Musée des horreurs »

La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a estimé jeudi matin sur France Inter que cette piste faisait « partie du musée des horreurs qui a été ouvert au moment de la présentation de ce qui pourrait être fait sur le droit du travail ». « Aujourd’hui, le sujet numéro un, c’est la question effectivement du pouvoir d’achat, mais ce n’est pas aux salariés eux-mêmes de se payer un peu plus de marge de manœuvre pour boucler les fins de mois en rognant sur leurs congés », a-t-elle affirmé.

Questionné sur ce point jeudi en fin de matinée, le ministre de l’économie, Eric Lombard, a semblé, dans un premier temps, découvrir la mesure. « Je n’ai pas vu ça dans nos propositions… Ce n’est pas dans le plan », a-t-il déclaré à l’issue de la visite d’une entreprise en Moselle. Réinterrogé un peu plus tard, il a invité syndicats et patronat à négocier sur les mesures permettant de travailler davantage.

« Le monde du travail ne peut pas admettre des mesures profondément injustes et des efforts absolument pas partagés », a prévenu Marylise Léon. Quant à la question de l’assurance chômage, « quand j’entends François Bayrou nous expliquer qu’il faut encore [la] réformer parce que c’est un frein à l’emploi, c’est “un jour sans fin” ».

Concernant le plan d’économies dévoilé par François Bayrou, Marylise Léon a encore dit être « tout à fait lucide sur le fait que la situation est grave et qu’il y a besoin d’avoir un budget particulier », mais il ne faut pas que ce dernier se fasse aux dépens de la « transition écologique » ou de la « justice sociale ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Budget 2026 : contre la « malédiction » de la dette, François Bayrou fait le pari incertain d’une mobilisation générale des Français

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version