
Monument du cinéma, l’actrice franco-italienne Claudia Cardinale s’est éteinte mardi à l’âge de 87 ans. Elle est morte « auprès de ses enfants » à Nemours, près de Paris, où elle habitait, a annoncé dans la soirée à l’Agence France-Presse (AFP) son agent, Laurent Savry, sans préciser les causes de son décès.
L’actrice avait tourné avec les plus grands,ont Luchino Visconti, Federico Fellini, Richard Brooks, Henri Verneuil, ou encore Sergio Leone. Connue pour ses rôles dans Le Guépard, ll était une fois dans l’Ouest ou encore Huit et demi, « elle nous laisse l’héritage d’une femme libre et inspirée tant dans son parcours de femme que d’artiste », a salué M. Savry dans un message transmis à l’AFP. Depuis l’annonce de sa mort, les hommages se multiplient.
« La Fille à la valise [film franco-italien réalisé par Valerio Zurlini, sorti en 1961] est partie, l’Angelica du Guépard n’ouvrira plus le bal, a réagi Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes, dès mardi soir auprès de l’AFP. Elle était belle, simple, sans histoire, mais quand la caméra tournait, elle s’illuminait d’un sourire et d’un regard affectueux que soulignait sa voix rauque. Les grands l’ont magnifiée, elle les a servis et nous, nous avons aimé tendrement cette tendre personne. »
« Son regard, sa voix et son aura habitent à jamais l’histoire du cinéma », a également salué sur X Rachida Dati, la ministre de la culture sortante. « Française de cœur, muse des plus grands, elle incarna avec éclat la liberté, la force et l’élégance ». « Claudia Cardinale incarnait une liberté, un regard, un talent qui ajouta tant aux œuvres des plus grands, de Rome à Hollywood, et Paris, qu’elle choisit comme patrie. Nous Français porterons toujours dans notre cœur cette star italienne et mondiale, dans l’éternité du cinéma », a renchéri Emmanuel Macron.
L’actrice qui ne voulait pas faire de cinéma
Mais les réactions sont encore plus nombreuses en Italie, où elle était perçue comme « l’une des plus grandes actrices de l’histoire du cinéma italien et international », comme l’écrit La Stampa, voyant en elle une « diva silencieuse qui parlait avec les yeux ». « Belle et insaisissable actrice, elle n’a jamais été l’esclave d’un seul personnage, ne s’est jamais laissée enfermer dans un cliché », poursuit Paolo Mereghetti, célèbre critique du Corriere della Sera. Sa mort marque la disparition d’« une des plus grandes actrices italiennes de tous les temps », a déclaré dans la soirée le ministre de la culture italien, Alessandro Giuli.
Claudia Cardinale a pourtant failli ne jamais avoir de carrière au cinéma, elle qui a débuté dans le milieu après avoir remporté un concours de beauté en Tunisie, où elle est née de parents siciliens émigrés en Afrique du Nord. Concours qui lui avait permis de participer à la Mostra de Venise, où elle fut remarquée par l’industrie cinématographique italienne.
« Le fait que je fasse des films est un pur hasard », s’était souvenue l’actrice en recevant un prix pour l’ensemble de sa carrière au Festival de Berlin, en 2002. « Lorsqu’ils m’ont demandé : “Veux-tu faire du cinéma ?”, j’ai dit non et ils ont insisté pendant six mois. »