Le Rassemblement national, mécontent du budget et de la tournure des débats, se dit prêt à voter une motion de censure d’ici Noël.
« Il y a un chemin qui s’est fait dans mon esprit », a assuré Marine Le Pen, qui avait jusque-là été clémente avec le Premier ministre et son gouvernement.
Le parti assure avoir le feu vert de ses électeurs.

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Jamais le Rassemblement national n’avait affirmé avec autant de fermeté qu’il pourrait voter une motion de censure, et plus tôt que prévu. Depuis les élections législatives et la composition du gouvernement, le parti de Jordan Bardella a le sort du gouvernement de Michel Barnier entre ses mains. S’il apporte ses voix au Nouveau Front populaire pour faire tomber le gouvernement, l’opposition aura raison de la fragile coalition qui dirige le pays. Et d’après Sébastien Chenu, Michel Barnier « crée toutes les conditions de la censure » du gouvernement d’ici la fin de l’année.

Le Premier ministre « crée toutes les conditions de la censure et les additionne jour après jour », a déclaré le député du Nord ce lundi matin sur Europe 1 et CNews. « Ce budget va impacter les Français, on ne va rien résoudre et donc c’est un très mauvais budget », a-t-il ajouté, laissant penser que le RN pourrait voter la censure au moment où le gouvernement dégainera le 49.3, probablement pour faire adopter le budget 2025 , dans la seconde moitié du mois de décembre. « Moi, je plaide pour qu’on puisse censurer », a-t-il insisté, tout en renvoyant la décision finale à Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale. 

Après les législatives, le président de la République s’était assuré auprès de Marine Le Pen que son Premier ministre et son gouvernement auraient les faveurs du Rassemblement national, ce qui lui avait été accordé. Des personnalités avaient été écartées du casting gouvernemental pour incompatibilités avec le RN, et le bénéfice du doute avait été accordé au chef du gouvernement au moment de son discours de politique générale et de la présentation du budget. 

Ceux qui sont confiants ne devraient pas l’être tant que ça. »

Marine Le Pen

Mais les choses ont changé. « On nous avait dit : ‘On va construire ensemble’ (…) je ne sais pas avec qui (Michel Barnier) a parlé, mais en tout cas pas avec moi », grinçait Marine Le Pen la semaine dernière. « Est-ce qu’ils vont réimposer leurs 6 milliards de taxes sur l’électricité ? Est-ce qu’ils vont baisser la facture de carburant ? C’est ça, moi, qui m’intéresse », a-t-elle ajouté, comprenant bien qu’en utilisant le 49.3 le gouvernement effacerait de son texte les amendements ajoutés par le RN dans le budget. « Ceux qui sont confiants ne devraient pas l’être tant que ça », ajoutait celle qui pourrait se voir déclarer inéligible , relevant que « si M. Barnier pense qu’il bénéficie d’un avantage positif dans l’électorat du Rassemblement national, il commet une très lourde erreur d’interprétation ».

Aussi, « il y a un chemin qui s’est fait dans mon esprit », déclare désormais Marine Le Pen, le président du parti Jordan Bardella réfutant tout lien avec les ennuis judiciaires de cette dernière dans le procès des assistants parlementaires. Elle semble tout de même rejoindre plusieurs de ses proches, le député Jean-Philippe Tanguy en tête, qui plaident pour une censure avant Noël, assurant qu’ils ont le feu vert de leurs électeurs. « Les habitants, ils nous disent ça suffit, ça suffit de nous faire les poches ! Faites passer le message. Le message, c’est quoi ? C’est la censure », a dit Sébastien Chenu ce lundi matin. « Nos réserves portaient sur nos électorats de conquêtes, c’est-à-dire les retraités et les chefs d’entreprise. Or, ils nous demandent de censurer », appuie un parlementaire RN auprès de l’AFP.

Mais une dissolution pour faire quoi, s’interrogent d’autres élus ? « Ce serait quel autre Premier ministre ? Pour faire quoi de différent ? », interroge l’un d’entre eux cité par l’AFP, estimant que « Barnier est le moins pire ».

L’hypothèse est néanmoins prise au sérieux, d’abord par le gouvernement. Lundi, sa porte-parole Maud Bregeon a lancé un appel aux socialistes pour « ne pas être dans une logique de censure automatique », ce qui permettrait « mathématiquement » à ne pas donner au RN le pouvoir de faire et défaire le gouvernement.


Justine FAURE avec AFP

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