
L’avis du « Monde » – A ne pas manquer
Il n’aura pas échappé au cinéphile estival, trouvant dans les salles la double grâce du spectacle et de la fraîcheur, que les distributeurs avaient manifestement serré dans leurs soutes un nombre raisonnable de films chinois. Parmi ceux-ci, My Father’s Son, qui révèle un jeune talent inconnu sous nos latitudes, se recommande fortement à l’attention. Dans ce deuxième long-métrage (le premier n’étant pas arrivé jusqu’à nous), Qiu Sheng, 35 ans, s’attelle, comme son titre l’indique assez clairement, à un sujet comme on dit universel.
A chaque type de filiation son cachet. Au chapitre des pères et des fils, on enregistre la rivalité nécessaire, l’amour inexprimé, le rapport structurant à la loi, et in fine, souvent, le remords d’avoir compris un certain nombre de choses essentielles trop tard pour les partager avec son père. Cela sans exclure l’hypothèse parricide, comme certains textes grecs ou viennois un peu extrêmes le laissent entendre.
Autant dire qu’il y a là matière à très beau cinéma, comme en témoignent, au firmament de cet art, The Kid (1921), de Charlie Chaplin, Il était un père (1942), de Yasujiro Ozu, Les Contrebandiers du Moonfleet (1955), de Fritz Lang, L’Incompris (1966), de Luigi Comencini, Little Odessa (1994), de James Gray ou bien encore Le Retour (2003), d’Andreï Zviaguintsev. Toutes choses égales par ailleurs, My Father’s Son démontre une belle délicatesse, montre de l’audace narrative et fait entrer un motif aussi vieux que la Bible (on relira à cet effet le chapitre 22 de la Genèse) à l’ère de l’intelligence artificielle.
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