Ingride Jesus Van Der Kellen a été condamnée à 30 ans de réclusion pour avoir tué ses deux jeunes enfants en 2022.
Cette ancienne chercheuse de 37 ans avait étranglé ses deux enfants âgés de 9 mois et deux ans et demi.
Durant tout le procès, elle n’a eu cesse de répéter qu’elle ne comprenait pas comment elle avait pu commettre de tels gestes.

Ingride Jesus Van Der Kellen a été condamnée à 30 ans de réclusion avec une période de sûreté de 15 ans pour avoir tué ses deux jeunes enfants en 2022, ce vendredi par la cour d’assises de la Meurthe-et-Moselle. Cette ancienne chercheuse de 37 ans, titulaire d’un doctorat en sciences, encourait la perpétuité . Elle a été condamnée pour meurtres sur mineurs de moins de 15 ans et violences sur conjoint. Elle n’a manifesté aucune réaction à l’énoncé du verdict.

Dévastée, elle a répété durant le procès qu’elle voulait se suicider, qu’elle ne comprenait pas comment elle avait pu commettre de tels gestes et étouffer ses deux enfants de deux ans et demi et neuf mois. Très fragile psychologiquement, elle a déjà fait cinq tentatives de suicide depuis le début de son incarcération il y a deux ans.

Je ne sais pas pourquoi j’ai commis un tel acte, je ne comprends pas et je ne comprendrai jamais

Ingride Jesus Van Der Kellen

« Je veux juste dire que j’ai toujours aimé mes enfants. Je les aime encore plus que tout. Je ne sais pas pourquoi j’ai commis un tel acte, je ne comprends pas et je ne comprendrai jamais. Je veux encore une fois demander pardon à toute la famille de mes enfants », avait-elle déclaré dans ses dernières paroles avant que les jurés se retirent pour délibérer.

Ceux-ci ont été un peu plus cléments que l’avocate générale, qui avait requis la perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans. « Il y a une certaine forme de soulagement », a reconnu à l’issue du procès le père des enfants. « Dans les motivations, on parle d’un acte de vengeance sur moi, c’est ce que j’ai ressenti, ça fait du bien que ce soit reconnu. »

Cette semaine était super épuisante, même si j’ai essayé de garder la tête sur les épaules

Le père des victimes

« Cette semaine était super épuisante, même si j’ai essayé de garder la tête sur les épaules. Maintenant, il va déjà falloir redescendre, je crois que je vais devoir dormir 12 heures d’un coup. On a beaucoup parlé de page qui se tourne, je ne sais pas, car le livre ne peut pas se réécrire. À voir comment je fais l’étape suivante… C’est sûr, c’est compliqué, je dois tout reconstruire, mais c’est possible que je me remette sur pieds. »

« Je trouve que c’est un verdict particulièrement équilibré, c’est quand même une peine extrêmement lourde qui a été prononcée aujourd’hui par la cour d’assises de la Meurthe-et-Moselle. C’est une peine qui est en adéquation avec le dossier », a estimé Me Guillaume Royer, avocat des parties civiles.

Elle veut mourir. Moi, je vous le dis, elle est déjà moribonde

Maître Sahra Amm

« C’est une peine plus clémente que la perpétuité », a noté de son côté Me Sahra Amm, qui défendait l’accusée. « On a une période de sûreté qui est de 15 ans au lieu des 22. C’est sûr que c’est une décision beaucoup moins sévère que les réquisitions. » « Ce procès a été éprouvant, c’est l’aboutissement de deux ans et demi de procédure », a encore relevé Me Amm. Jeudi, les experts psychiatres avaient rendu des avis opposés sur l’accusée. L’un des psychiatres estimait que son discernement était aboli au moment du passage à l’acte, ce que contestait le second expert.

En défense, Me Amm avait plaidé avant tout la détresse de sa cliente. « Depuis ce jour, elle est bloquée dans un schéma mental » et ne se pardonnera jamais d’avoir étouffé ses enfants, avait-elle expliqué. « Elle veut mourir. Moi je vous le dis, elle est déjà moribonde », avait poursuivi l’avocate en référence aux tentatives de suicide de l’accusée. « Je ne suis pas devin, mais quelle que soit la peine qui soit prononcée, je doute qu’elle arrive au bout ».

Le 15 février 2022, l’accusée avait été interpellée au volant par les gendarmes, alors qu’elle venait d’étouffer ses deux enfants de neuf mois et deux ans et demi, récupérés à la mi-journée à la garderie. Auparavant, elle avait essayé d’assommer son conjoint avec un marteau, après qu’il lui eut annoncé son intention de quitter le domicile familial avec les enfants en raison de l’alcoolisme de cette mère de famille. L’accusée a fondu en larmes régulièrement au long des débats. Elle n’avait pas pu aller au bout de son interrogatoire mercredi et des soignants avaient dû intervenir et lui administrer un calmant.


Rania HOBALLAH | avec AFP

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