La cour d’assises des Bouches-du-Rhône a prononcé, vendredi 28 novembre, la réclusion à perpétuité et une peine de trente ans de prison contre deux hommes reconnus coupables d’un double assassinat commis en 2016 à Marseille, sur fond de guerre des gangs et de trafic de stupéfiants.
Mohamed Seghier, un cadre de la bande criminelle de Marignane, a été condamné à la réclusion à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans. Christopher Aouni a lui été condamné à trente ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des deux tiers.
Tous les deux contestaient avoir fait partie du commando qui, le 4 février 2016, avait ouvert le feu sur Nouri Lakas, 26 ans, et Nasser Khellaf, 31 ans, assis dans leur véhicule sur le parking d’un centre commercial.
Les peines prononcées vendredi sont celles qui avaient été requises par l’avocate générale. Les deux hommes sont condamnés pour assassinats et association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes. M. Seghier a également été condamné pour des armes retrouvées dans un box à Aix-en-Provence.
Condamné pour le meurtre du manager de Jul
Le double assassinat s’inscrivait dans une vendetta sanglante – une vingtaine de morts – qui, dès 2010, a opposé deux clans : d’un côté des membres des familles Tir et Berrebouh, de l’autre ceux de la famille Remadnia, alliés à la bande de Marignane. Les avocats de la défense avaient demandé l’acquittement des deux hommes pour le double assassinat.
M. Seghier a déjà été condamné à trente ans de réclusion pour l’assassinat en 2014 de Karim Tir, le manager du rappeur Jul à ses débuts. Celui qui s’est toujours présenté comme un « simple » voleur de voitures avait finalement avoué son appartenance à l’équipe de Marignane, après l’avoir toujours contestée. « Ce sont mes amis, mes collègues, mais je ne faisais pas les mêmes choses qu’eux », a-t-il dit. Il a martelé son innocence dans les faits les plus graves : « Je n’ai pas tué Nouri Lakas et son collègue à côté, je n’ai pas de sang sur les mains. »
Avant que la cour n’aille délibérer, une dernière fois, il a semblé implorer les jurés : « S’il vous plaît, je ne suis pas un monstre. » Tout en laissant la porte entrouverte à une condamnation pour association de malfaiteurs, ses avocats, Mes Pascal Roubaud et Mehdi Khezami, ont demandé aux jurés de « constater qu’il n’est pas démontré sa participation à la scène de crime, ni en qualité d’auteur ni comme commanditaire. »
Les avocats de Christopher Aouni ont combattu l’image développée par l’accusation d’un « tueur à gages froid qui ne tremble pas quand il tue. » Mes Amar Bouaou, Karim Bouguessa et Sarah Yilmaz ont dénoncé une « accusation reposant sur des éléments de téléphonie erronés, des analyses faussées. » Ils ont invoqué le doute, arguant d’un précédent acquittement de leur client, en février 2024, par la cour d’assises d’appel du Var, dans un procès pour assassinat.
En 2026 M. Aouani comparaîtra à nouveau devant trois cours d’assises pour deux assassinats et une tentative d’assassinat.

