Le Sénat a approuvé très largement, mardi 28 janvier, la création prochaine d’un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) avec l’ambition d’en faire une structure de référence pour la lutte contre le narcotrafic, avec le soutien du gouvernement.

Les sénateurs ont adopté à main levée cette mesure phare au cours de l’examen d’une proposition de loi transpartisane pour « sortir la France du piège du narcotrafic ». Le ministre de la justice, Gérald Darmanin, y est favorable, espérant permettre au Pnaco, basé sur le modèle des parquets financier (PNF) et antiterroriste (Pnat), d’être opérationnel en janvier 2026.

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« Un pas historique et décisif dans la lutte contre le narcotrafic a été accompli », a réagi sur X le garde des Sceaux, qui a travaillé de concert avec la Chambre haute pour faire aboutir cette proposition, soutenue à droite comme à gauche. Il a affirmé que ce futur parquet serait mis en place « par défaut à Paris », mais qu’il « pourrait être ailleurs », évoquant notamment Marseille, ville particulièrement ciblée par le trafic de stupéfiants.

Une « mission de préfiguration » du ministère de la justice doit expertiser cette question dans les prochaines semaines, comme celle des moyens budgétaires nécessaires à sa mise en place.

Dans la nouvelle architecture adoptée par le Sénat, ce parquet spécialisé serait chargé des crimes les plus graves et constituerait une véritable « incarnation » de la lutte contre le narcotrafic, avec un rôle de coordination des parquets.

Le Sénat avait un temps envisagé d’octroyer au Pnaco un « monopole » sur la criminalité organisée, mais la Chambre haute y a renoncé, préférant une structure plus souple.

« Si nous mettons l’ensemble de la criminalité organisée dans ce parquet, il accouchera malheureusement d’une souris. Si nous ciblons les affaires que nous souhaitons en mettant le nombre de magistrats qu’il convient, alors nous ferons œuvre utile », a détaillé Gérald Darmanin.

Le « bras armé » de la lutte contre la criminalité organisée

Ce nouveau Pnaco s’appuierait sur des services d’enquête renforcés : un « état-major criminalité organisée », animé par la direction nationale de la police judiciaire aux côtés notamment des offices centraux comme l’Ofast, dédié aux stupéfiants.

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Cette structure serait instituée par voie réglementaire et aurait pour ambition de constituer le « bras armé » de la lutte contre la criminalité organisée, avec les services de quatre ministères – intérieur, justice, économie et armées – « réunis autour d’une même table », selon le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau.

« Ce sera un espace ouvert à Nanterre (Hauts-de-Seine) où vous aurez tous les services de renseignement, tous les services judiciaires d’enquête regroupés en permanence dans le même lieu », a développé M. Retailleau. Une « organisation opérationnelle robuste » mais « agile », a-t-il défendu.

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Le Monde avec AFP

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