Natacha Polony, directrice de la rédaction depuis 2018, va quitter son poste. Jeudi 19 décembre au matin, Denis Olivennes, le bras droit du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky – propriétaire du titre – et Valérie Salomon, la présidente de CMI France, sont venus dans les locaux de Marianne afin d’officialiser la nouvelle devant le comité social et économique puis lors d’une réunion de près de deux heures. Egalement chroniqueuse pour « C l’hebdo » sur France 5 et débatteuse sur France Inter, elle gardera néanmoins un éditorial chaque semaine dans le magazine.
Frédéric Taddeï va la remplacer à la tête de la rédaction de Marianne, comme l’a révélé un article du média La Lettre. Il prendra ses fonctions le 1er mars 2025, a confirmé un communiqué de CMI jeudi matin. Connu pour son animation du talk-show « Ce soir (ou jamais !) » entre 2006 et 2016 sur France 3 et France 2, le sexagénaire a dérivé vers RT France, la version francophone de la télévision publique russe RT, entre 2018 et 2022. Considérée par l’Europe comme un instrument de propagande du Kremlin, la chaîne a été interdite dans l’Union européenne en mars 2022 avant qu’elle ne ferme en 2023 à la suite du gel de ses avoirs. M. Taddeï est aussi présent, depuis 2005, sur la radio Europe 1, désormais contrôlée par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré.
Côté presse écrite, son expérience est moindre. L’ex-collaborateur d’Actuel et de GQ avait pris la suite de Frédéric Beigbeder à la direction de la rédaction du magazine Lui en 2017, qui visait un public masculin avec des photos de femmes dénudées. Il aura la tâche de relancer un hebdomadaire en grandes difficultés économiques. Le magazine s’apprête à terminer l’année 2024 avec 3,6 millions d’euros de déficit pour seulement 11,2 millions d’euros de chiffre d’affaires.
En 2018, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky avait fait sa première acquisition dans la presse française en rachetant le newsmagazine créé en 1997 par Jean-François Kahn et Maurice Szafran, et avait choisi de placer Mme Polony à sa tête, qu’elle a dirigée d’une main de fer depuis. Mais depuis le printemps, le milliardaire tchèque s’était décidé à revendre l’hebdomadaire, estimant que son contenu et sa directrice de la rédaction souverainiste étaient devenus trop éloignés de ce qu’il affirme être ses valeurs proeuropéennes et libérales.
Il vous reste 50.26% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.