Un retraité niçois a réussi à faire fuir les dealers dans sa rue en y installant plus de 140 bacs à fleurs.
Une initiative saluée par les riverains.
Et par la mairie de la ville.
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Le 13H
La fable de Jean de la Fontaine, datant de 1668, sacrait, s’agissant d’une lutte a priori très inégale, la victoire du pot de terre contre le pot de fer. Dites-le avec des fleurs, préconisait, pour sa part, le film d’Alfred Weidenmann, sorti en 1962. Trente ans avant que Laurent Voulzy ne chante Le pouvoir des fleurs… Autant de références qui vont bien à Jean-Jacques Wanner, un retraité de 67 ans résidant rue de l’Ancien Sénat, dans le Vieux-Nice (Alpes-Maritimes), parvenu à chasser les trafiquants de drogue officiant dans cette petite allée discrète, en y disposant… des jardinières.
« Ici, nous avions, il y a quatre ans, beaucoup de gens indésirables, se souvient-il au micro de TF1, dans le reportage sur place du JT de 13H, à retrouver dans la vidéo en tête de cet article. Des gens alcoolisés, des gens sous substances et, bien sûr, leurs dealers. On les avait de 15h à 5h du matin. Donc il fallait occuper le terrain, mais avec quoi ? Avec des plantes ! » La police, intervenue à de nombreuses reprises sans jamais réussir à faire déserter les fauteurs de trouble, n’y avait pas pensé.
Jean-Jacques, qui habite cette artère historique depuis vingt-cinq ans, a commencé par installer des plantes sous son appartement. « Et petit à petit, les dealers se déplaçaient, reprend le héros à la main verte. Donc, au fur et à mesure, j’ai ajouté des bacs. » Il y en a aujourd’hui plus de 140, attachés aux murs pour ne puisse pas les déplacer. Le tout, financé… par le retraité lui-même. « En quatre ans, ça m’a coûté entre 8.000 et 8.500 euros, dévoile-t-il. C’est le prix de la tranquillité. S’il fallait en mettre plus, j’en mettrais plus encore. » Parce qu’au bout du compte, les trafiquants sont partis.
La mairie, qui lui a remis la médaille du bénévolat, salue et encourage à présent une idée qui pouvait paraître saugrenue au départ. « Nous avons installé une caméra de vidéoprotection dans la rue et nous lui avons aussi permis de se brancher au réseau d’eau potable de la ville, pour qu’il puisse arroser et entretenir les fleurs qu’il a mises en place. C’est donc une initiative gagnant-gagnant », vante Anthony Borré, premier adjoint (Horizons) au maire de Nice, au micro de TF1.
Depuis, c’est tout le quartier qui remercie ce voisin dévoué. « Parfois, ce sont les petites choses comme ça qui portent leurs fruits. On n’a pas besoin de violence ou autre », glisse une riveraine. Les « fruits » en question : touristes et curieux affluent maintenant massivement pour photographier l’endroit. En témoigne Katia Lehaut, une guide touristique franco-russe qui considère cette rue comme un passage incontournable, après l’avoir longtemps savamment contournée. « Maintenant, je prends le temps, systématiquement, sourit-elle. Pour la beauté, pour Instagram et pour l’histoire. » Personne, en tout cas, ne se plaint de ces nouveaux visiteurs et leur agitation. On appelle cela gagner au change.