Des mésanges se sont posées sur son objectif, un blaireau lui a marché sur la jambe, un écureuil s’est même installé sur sa chaussure droite. « Au moment où [ce dernier] a croisé mon regard, il a détalé, il devait être “tachycharde” ! » Médecin généraliste, Nicolas Groffal ne plaisante ni avec les rythmes cardiaques ni avec l’art de l’affût. Il se fond dans les bois au point d’en tromper les occupants, qu’il photographie en douceur, avec une infinie patience. Ses clichés d’oiseaux, de renards, de chamois, d’hermines ou de lynx lui ont valu en 2024 les honneurs du plus gros festival européen de photos animalières, à Montier-en-Der (Haute-Marne). Un comble pour ce « docteur en discrétion ».

Le quadragénaire traverse, ce matin de printemps, une prairie fleurie de boutons d’or et d’ambroisies qui prolonge son propre jardin, à Maîche (Doubs), avant de s’installer en lisière de bois. Il se déleste du lourd barda qu’il portait calé derrière le cou – téléobjectif, boîtier, trépied et sac à dos. S’assied dans l’herbe. Et disparaît – on comprend mieux l’écureuil. Son équipement comme son corps, jusqu’à son visage et ses yeux, sont couverts de tissus, voiles, lunettes et chapeau camouflants.

Le brun terreux, les fausses feuilles de lierre lui donnent une allure mi-comique, mi-inquiétante, entre lutin et soldat furtif. Chasseur d’images, derrière son monstrueux objectif, Nicolas Groffal peut attendre des heures les animaux. Pour l’hiver, il s’est même équipé de bottes de glacier : « Mon plus long affût a duré presque neuf heures, assis, sans étendre les jambes. J’avais des fourmillements, des crampes, je ne pouvais pas crier, évidemment. » L’hermine, sait-il d’expérience, sort toujours d’un trou une fois que les doigts du photographe sont bien engourdis : « En plus, elle bouge dans tous les sens. »

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