L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy à Paris, le 20 janvier 2025.

Nicolas Sarkozy plaide, dans un entretien accordé au Figaro et mis en ligne mardi 2 septembre, pour une dissolution de l’Assemblée nationale, qui constitue, selon lui, l’unique « solution » à l’actuelle crise politique. L’ancien président n’appelle par ailleurs pas les élus Les Républicains (LR) à voter la confiance à François Bayrou, contrairement au chef de file du parti, Bruno Retailleau.

« La désastreuse dissolution de l’année dernière a agi comme une bombe à fragmentation. Après de longs mois d’instabilité, nous sommes aujourd’hui dans l’un des derniers soubresauts de cette funeste décision. J’ai eu l’occasion de le dire au président de la République cet été : je suis persuadé qu’il n’y aura pas d’autre solution que la dissolution. Il serait curieux d’avoir choisi de dissoudre hier quand rien ne l’exigeait et de s’y refuser aujourd’hui quand la décision s’impose ! », affirme l’ancien président de la République, qui qualifie le vote de confiance sollicité le 8 septembre par le premier ministre, François Bayrou, de « suicide politique ».

« Quelle drôle d’idée que de demander la confiance aux formations politiques avant même de discuter avec elles ! Le chemin raisonnable eût été d’essayer de trouver un compromis sur le budget, puis d’officialiser ce compromis par un vote de confiance », poursuit l’ancien chef de l’Etat. « Là, nous avons la certitude d’un échec qui va faire perdre une nouvelle fois du temps à la France. Il n’y a donc rien de rationnel et rien d’utile dans cette méthode. Quand la situation est complexe et éruptive, il faut faire preuve de sang-froid et de rationalité. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux ont fait gravement défaut. »

« Ce n’est plus une question de personnes »

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Concernant l’attitude qu’adoptera Emmanuel Macron après le 8 septembre, M. Sarkozy prédit : « Connaissant (…) son inclination naturelle à gagner du temps et sa volonté de toujours vouloir faire entrer le pied droit dans la chaussure gauche, j’imagine qu’il va tenter une nouvelle fois de trouver un premier ministre. » « Je crains que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ce n’est plus une question de personnes mais de stratégie politique. Cela ne peut pas fonctionner », conclut-il.

Prié de dire si les députés LR doivent accorder leur confiance au chef du gouvernement, l’ancien de chef de file du parti juge qu’il y a un « risque que les Français le comprennent comme un blanc-seing ».

« Je comprends bien sûr la position de Bruno Retailleau, qui est un homme que j’apprécie et que je soutiens, et sans doute que, dans sa position de ministre, il lui était difficile de faire autrement. Mais si l’on se dirige, comme je le crois, vers des élections législatives dans quelques semaines, comment Les Républicains pourront-ils faire campagne sans être assimilés à un gouvernement auquel ils auront voté la confiance ? », s’interroge Nicolas Sarkozy, jugeant que l’abstention « était une alternative crédible ».

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Interrogé sur les appels à la démission d’Emmanuel Macron, lancés notamment par le Rassemblement national, La France insoumise et certains membres de LR, l’ancien président exclut d’y ajouter sa voix : « Il ne faut pas – et on ne peut pas – mettre sur le même plan un premier ministre nommé et un président élu par les Français. Emmanuel Macron doit pouvoir aller au bout du mandat que lui ont confié les Français. C’est la République. Elle a des règles. Il convient de les respecter. »

Le Monde

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