Des habitants de Zamfara, au nord-ouest du Nigeria, ont fui les attaques des « bandits », le 8 février 2023.

Plus d’une centaine de membres d’un gang criminel ont été tués lors d’affrontements avec des forces de défenses locales soutenues par le gouvernement dans l’Etat de Zamfara, dans le nord-ouest du Nigeria. Ils n’ont toutefois pas réussi à neutraliser leur chef, Bello Turji, connu pour ses atrocités.

Mardi 24 juin, des membres de la Garde civile de protection de Zamfara (CPG) – une milice gouvernementale – ont pris d’assaut le bastion de Bello Turji et ont engagé ses combattants dans une fusillade qui a duré plusieurs heures. Ahmad Manga, conseiller à la sécurité du gouverneur de l’Etat de Zamfara, a ajouté qu’au moins 20 membres des milices et des groupes d’autodéfense ont été tués dans les combats dont Bashari Maniya, un ancien bandit repenti.

Ahmad Manga précise que la CPG était soutenue par la police secrète nigériane et des milices antidjihadistes de l’Etat de Borno, dans le nord-est, où elles aident l’armée à combattre les groupes djihadistes. L’attaque a été menée par Bashari Maniya, qui aidait l’armée et la milice à lutter contre les gangs : « l’attaque visait à capturer Turji, mort ou vif. Tout le monde en a assez de ses atrocités », a déclaré M. Manga.

Sans épargner femmes et enfants

La coopération croissante entre les gangs criminels motivés par l’appât du gain et les djihadistes menant depuis seize ans une insurrection armée pour instaurer un califat dans le nord-est a aggravé la situation et intensifié les attaques.

Les violences, qui ont débuté par des affrontements entre éleveurs peuls et agriculteurs pour le contrôle des ressources, ont évolué vers un conflit plus large alimenté par le trafic d’armes. Au fil des années, Turji a pris le contrôle des districts d’Isa, Goronyo et Sabon Birni, où il impose des taxes aux communautés et mène des raids meurtriers contre celles qui refusent de payer, sans épargner femmes et enfants. En mai, il avait contraint plus de 5 000 villageois à fuir leurs foyers après qu’il les a menacés de les attaquer.

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Une source sécuritaire a confirmé l’affrontement de mardi, affirmant que Turji avait été informé à l’avance de l’invasion prévue et avait invité des combattants d’autres camps de bandits pour repousser l’attaque. Dans une vidéo en ligne, Turji était vu en train de jubiler avec ses hommes armés de fusils devant les corps éparpillés d’au moins neuf membres de la milice tués dans les combats.

Super-pouvoir

Bello Turji, 31 ans, a abandonné l’élevage pour se livrer au vol de bétail et aux enlèvements contre rançon en 2011 dans sa ville natale de Shinkafi, terrorisant les communautés de Zamfara et de l’Etat voisin de Sokoto.

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Le chef de gang avait conclu plusieurs accords de paix avec les autorités de l’Etat de Zamfara, mais il est revenu sur sa parole et a repris ses attaques contre les communautés. En février 2021, Turji est apparu dans une vidéo largement diffusée dans laquelle il menaçait d’inviter des gangs étrangers à déstabiliser le Nigeria.

Il a survécu à plusieurs offensives militaires, notamment à des frappes aériennes sur ses camps en décembre 2021, qui ont tué son frère et d’autres membres de sa famille. Redouté par les populations et vénéré par ses hommes, certains le croient doté de pouvoirs surnaturels.

Le Monde avec AFP

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