LA LISTE DE LA MATINALE

Quatre livres parmi les plus attendus de l’année nouvelle et une découverte : la rentrée littéraire d’hiver démarre sur les chapeaux de roue dans « Le Monde des livres ». Avec, au casting : Haruki Murakimi et son nouveau roman (il n’en avait pas publié depuis sept ans), La Cité aux murs incertains ; Jean Echenoz et son nouveau héros éponyme, qui n’en est pas du tout un, Bristol ; l’écrivain irlandais Paul Lynch, dont paraît Le Chant du prophète, Booker Prize 2023 ; Vanessa Springora, qui, après Le Consentement, événement de 2020, publie Patronyme. La découverte ? Une religieuse du Moyen Age, évadée du couvent, dont le romancier qui se cache sous le pseudonyme Paul Thurin nous raconte les aventures.

ROMAN. « La Cité aux murs incertains », de Haruki Murakami

Murakami n’avait pas écrit de gros romans depuis Le Meurtre du Commandeur (Belfond, 2018). Avec La Cité aux murs incertains, qui s’inspire d’une nouvelle écrite en 1980, il renoue avec la veine de Kafka sur le rivage et 1Q84 (Belfond, 2006 et 2011-2012). Décentrement, solitude, amour, merveilleux, on retrouve ici tout ce qui crée les climats typiquement murakamiens.

Dans une rivière peuplée de poissons argentés, deux amoureux s’avancent. Il a 17 ans, elle en a 16 ; le sable fin enveloppe leurs pieds « comme un nuage doux dans un rêve », et il n’en faut pas plus pour que ce rêve nous aspire. Comme dans les mythes dont on sait Murakami friand, la belle a fait savoir qu’elle appartiendrait à son amoureux s’il découvrait son « vrai moi ». « Le moi qui est là maintenant (…) n’est qu’une doublure. », lui a-t-elle dit. « Le vrai moi bien vivant se trouve dans la Cité ceinte de hauts murs. » Puis elle a disparu. Avec cet Orphée nippon, nous partons à sa recherche dans ladite Cité, un au-delà des songes où le temps n’existe pas et où les corps n’ont pas d’ombre.

Le narrateur retrouvera-t-il la jeune fille ? Il sait en tout cas que plus jamais il ne cessera de la chercher. Presque tous les romans de Murakami sont des quêtes. Oniriques, tragiques, bizarres, réalistes et magiques. Oscillant sans cesse entre deux mondes qui peut-être n’en font qu’un, celle-ci est aussi empreinte de cette belle et subtile sensation que les Japonais appellent « mono no aware », la mélancolie des choses éphémères. Fl. N.

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