Dans le discours de Michel Barnier ce mardi 1er octobre, une annonce est presque passée inaperçue.
En matière de sécurité, le Premier ministre veut généraliser partout en France l’usage des « caméras intelligentes », expérimenté lors des Jeux olympiques de Paris.
Quels sont leurs avantages et leurs inconvénients ?

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Les premiers pas du gouvernement Barnier

L’exception confirme la règle, dit la fameuse maxime. Mais quand l’exception se normalise, elle devient la règle… La loi du 19 mai 2023, relative aux Jeux olympiques et paralympiques, autorisait l’usage de la vidéosurveillance dite « algorithmique », au moyen de caméras dopées à l’intelligence artificielle, « à titre expérimental et jusqu’au 31 mars 2025 ». Mais ce mardi 1er octobre, le Premier ministre Michel Barnier, dans sa déclaration de politique générale , a dit ceci : « Les Français nous demandent d’assurer la sécurité dans chaque territoire. Sur ce point, nous généraliserons la méthode expérimentée pendant les Jeux olympiques et paralympiques. » Sans donner plus de précisions.

La « méthode » en question : le déploiement et l’utilisation dans l’espace public, en l’occurrence aux abords des enceintes sportives ou dans les transports en commun s’agissant des derniers JO, de caméras liées à des logiciels qui analysent les flux d’images pour repérer elles-mêmes les situations à risque, telles qu’un mouvement de foule, un colis suspect ou un individu portant une arme. « Dans le cas d’un bagage abandonné, une fois l’objet détecté, une alerte va être aussitôt envoyée à un opérateur pour qu’il puisse prendre des décisions », explique à TF1, dans le reportage du JT visible en tête de cet article, Alain Ferbach, cofondateur de Videtics et spécialiste en intelligence artificielle.

« Nos comportements seront analysés, qu’on le veuille ou non, qu’il y ait un agent humain derrière ou pas. Et ça, c’est particulièrement inquiétant dans une démocratie parce que c’est une atteinte très grave au droit à la vie privée et à la liberté d’expression », dénonce, lui aussi à notre micro, Bastien Le Querrec, juriste pour la Quadrature du Net, association de défense et de promotion des droits et libertés sur Internet, craignant donc que cet usage entre dans le droit de manière permanente.

Une réaction qui fait écho à celle d’Amnesty International (nouvelle fenêtre), pour qui « cette loi est représentative de la tendance inquiétante des autorités à étendre leurs pouvoirs de surveillance dans le cadre de mesures d’urgence prises au nom de la sécurité. Il est rare que ces mesures dites ‘d’exception’ soient levées rapidement. En lieu et place, les mesures de surveillance et de contrôle deviennent la norme », écrivait l’organisation non gouvernementale en avril, c’est-à-dire avant même le début des JO.

De leur côté, les autorités promettent une utilisation rigoureusement encadrée de cette vidéosurveillance augmentée, excluant de recourir à la reconnaissance faciale, et faisant valoir un bilan « très positif » à Paris cet été. Matignon précise, en outre, à Franceinfo (nouvelle fenêtre), qu’il faudra de toute façon attendre la remise au Parlement d’un rapport du comité d’évaluation des caméras algorithmiques d’ici à la fin de l’année 2024, avant de discuter d’une éventuelle pérennisation du dispositif.

En attendant, force est de constater que cette perspective est loin de faire l’unanimité parmi les voyageurs interrogés par TF1 à la sortie de la gare de Nantes (Loire-Atlantique) ce mercredi 2 octobre, au lendemain du discours de Michel Barnier. « Ça peut aider », considère l’une. « On entre de plus en plus dans notre intimité », déplore un autre. « Pour la sécurité des enfants, des filles, etc., je trouve ça plutôt positif, synthétise finalement une mère de famille. Mais attention, il ne faut pas trop surveiller non plus. »


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 : Elsa Assalit, Marine Girault, Julien Errard

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