Mobilisation exceptionnelle en Turquie contre l’incarcération du maire d’Istanbul, principal opposant de Recep Tayyip Erdogan

Pendant toute la soirée de dimanche, comme durant les quatre précédentes, une marée humaine a déferlé devant l’imposant bâtiment de la municipalité d’Istanbul, le long des avenues alentour et du parc Sarachane. Plusieurs groupes de jeunes gens sont venus se frotter aux barrages de police bloquant tout accès vers Taksim, la place iconique du mouvement de révolte de Gezi, en 2013.

La veille, samedi, la journée avait commencé par un communiqué du ministère de l’intérieur annonçant le nombre d’arrestations en cours. On apprenait que 342 personnes – principalement des étudiants, qui constituent le fer de lance de la contestation depuis le premier jour – avaient été appréhendées par la police, la plupart à leur domicile ou à la fin des rassemblements. Des listes, selon certaines organisations étudiantes, auraient été établies : de 31 jeunes à Ankara, 92 à Istanbul et 20 à Izmir.

Quelques heures plus tard, au moment même où M. Imamoglu et les coaccusés étaient interrogés par les procureurs dans le commissariat du quartier de Fatih, plusieurs responsables politiques ont tenu à afficher une position ferme, quitte à jeter de l’huile sur le feu de la contestation. Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, d’abord comme premier ministre, puis comme président à partir de 2014, a affirmé : « L’époque où l’on descendait dans la rue et brandissait le doigt contre la volonté nationale avec des organisations de gauche et des vandales est révolue. »

Mobilisation exceptionnelle en Turquie contre l’incarcération du maire d’Istanbul, principal opposant d’Erdogan

Par Nicolas Bourcier

Le contraste des images est saisissant. D’un côté, le ballet de voitures blanches emmenant, dimanche 23 mars, dans la matinée, le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, et cinquante et un coaccusés, à la prison de Silivri, l’un des plus vastes complexes pénitentiaires d’Europe, situé en périphérie de la ville. De l’autre, les files sans fin d’électeurs entourant les points de vote organisés un peu partout dans le pays par le Parti républicain du peuple (CHP), la principale formation d’opposition, pour désigner l’édile candidat à la prochaine présidentielle, prévue en 2028.

Nicolas Bourcier (Istanbul, correspondant)

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