LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine, « Le Monde des livres » conseille la lecture d’une histoire des noces de la musique française et du pouvoir, de Louis XIV à nos jours, un beau livre de l’érudite musicologue Maryvonne de Saint-Pulgent ; des attachantes histoires du Québécois Jean-François Beauchemin qui disent des vies singulières et loufoques ; du nouveau roman de Nathalie Azoulai, qui aborde sérieusement le 7-Octobre dans une comédie de mœurs… ; du récit de Neige Sinno, dans lequel elle aborde sa découverte du Mexique à travers un road trip au Chiapas au début des années 2000 ; enfin, des nouvelles empathiques de Rumena Buzarovska, qui explorent les tiraillements des Macédoniens du Nord – en exil ou pas.
HISTOIRE. « Les Musiciens et le pouvoir en France », de Maryvonne de Saint-Pulgent
Dans Les Musiciens et le pouvoir en France, l’historienne et musicologue Maryvonne de Saint-Pulgent, ancienne directrice du patrimoine, fait montre d’une incroyable érudition pour retracer un parcours qui nous entraîne de Louis XIV à Emmanuel Macron (dix ans de piano et un troisième prix au conservatoire d’Amiens, remarque-t-elle).
Elle détaille la manière dont la proximité avec l’exécutif a contribué à façonner la scène musicale française, aboutissant, selon elle, à une impasse avec sa dernière incarnation, le compositeur Pierre Boulez (1925-2016), qu’elle accable sous son ironie légère. Née de l’absolutisme et de la courtisanerie, la figure du grand musicien aurait en somme fini par leur emprunter plus d’un trait.
S’il y a une exception française en la matière, elle réside surtout dans la précoce fondation d’institutions propres à perpétuer les noces de la musique et de l’Etat : l’Académie, le Conservatoire, le prix de Rome et aujourd’hui l’Ircam… Celles-ci constituent très tôt le cursus honorum obligé des aspirants à la gloire. Parfois, l’emprise publique se relâche, quand les grands se montrent moins sensibles à la musique ou moins convaincus de ses effets supposés sur la masse.
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