LA LISTE DE LA MATINALE

Cette semaine « Le Monde des livres » vous recommande la lecture de quatre romans et d’un hommage. L’hommage est rendu à l’historien israélien Zeev Sternhell, spécialiste des « anti-Lumières » mort en 2020, dans un utile ouvrage collectif. Les romans sont ceux du grand et rare écrivain britannique Alan Hollinghurst, Nos soirées ; celui de l’écrivaine haïtienne Yanick Lahens, Passagères de nuit ; celui de l’écrivain bulgare Guéorgui Gospodinov, Le Jardinier et la Mort ; et celui d’Hélène Zimmer, Les Dernières Ecritures.

ROMAN. « Nos soirées », d’Alan Hollinghurst

Comment vous convaincre de consacrer à Nos soirées un nombre non négligeable des vôtres ? Vous persuader de rester à distance des notifications en tout genre le temps de lire ses plus de 600 pages ? La grandeur de ce livre est affaire, pour l’essentiel, d’infiniment petit. Le roman retrace, sur le mode des Mémoires, une vie d’homme, celle de Dave Win, acteur gay né d’un père birman inconnu et d’une mère anglaise. Et c’est la vie même que l’auteur réussit à y faire crépiter par son éblouissant sens du détail.

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Par sa capacité à restituer des sensations minuscules, à évoquer avec la même précision extrême les puissants élans, désirs et sentiments qu’éprouve Dave et les presque riens qui le traversent. Capturer l’insaisissable, attraper dans sa multiplicité fugitive ce qui fait la texture des jours, mesurer l’infinité de mots que peut recouvrir un silence ou un geste… Ce sont là quelques-uns des indépassables pouvoirs de la littérature, dont chaque page ou presque de Nos soirées semble à la fois une démonstration et une célébration. R. L.

« Nos soirées » (Our Evenings), d’Alan Hollinghurst, traduit de l’anglais par David Fauquemberg, éd. Albin Michel, 624 p., 24,90 €, numérique 18 €.

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