Dans le cadre du Forum des îles du Pacifique (FIP), le secrétaire général de l’ONU a tiré la sonnette d’alarme sur la montée des eaux dans cette région.
Selon un rapport de l’Organisation météorologique mondiale, elle y est encore plus rapide que dans d’autres zones du globe.

Une situation qui se dégrade encore plus rapidement que prévu. Les derniers chiffres de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dressent un constat effrayant sur l’accélération de la montée des eaux, notamment dans le Pacifique Sud-Ouest. « Au cours des dernières décennies, le réchauffement de l’océan s’est accéléré ; la teneur en chaleur des océans n’avait jamais été aussi élevée qu’en 2023. Ce réchauffement, combiné à l’accélération de la perte de masse glaciaire des Inlandsis, a contribué à une élévation du niveau moyen de la mer à l’échelle mondiale », avec une année 2023 record, avertissent les scientifiques. Concrètement, le niveau des mers a cru de 9,4 cm en moyenne à l’échelle mondiale entre 1993 et 2023. 

Les Tuvalu sur le point d’être englouties

Dans certaines zones du Pacifique, les choses vont encore plus vite, avec un niveau des mers qui a gagné 15 cm en 30 ans. « Les températures de surface de la mer ont augmenté trois fois plus vite que la moyenne mondiale depuis 1980. Au cours de cette période, la fréquence des vagues de chaleur marine a approximativement doublé depuis 1980, elles sont plus intenses et durent plus longtemps », note le rapport de l’OMM. De plus, le Pacifique Sud-Ouest est particulièrement exposé aux catastrophes liées à des risques hydrométéorologiques, en particulier à des tempêtes et des inondations. « Au total, les 34 événements de ce type déclarés en 2023 ont fait plus de 200 morts et touché plus de 25 millions de personnes », souligne le document. 

Autant dire que la conjoncture est particulièrement négative pour les îles du secteur, qui ne pèsent pourtant que 0,02% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pour se rendre compte de la catastrophe en devenir, il faut savoir que leur altitude moyenne n’est que de un à deux mètres au-dessus du niveau de la mer et que 90% de la population vit à moins de cinq kilomètres des côtes. Si les Kiribati et les îles Cook sont relativement épargnées (les mesures de montée du niveau de la mer correspondent à la moyenne mondiale ou sont inférieures à celle-ci), les Samoa et les Fidji, doivent composer avec une élévation trois fois plus importante que sur le reste de la planète. Les Tuvalu pourraient, elles, être entièrement submergées d’ici 30 ans.

Je suis aux Tonga pour émettre un SOS mondial sur l’élévation du niveau des mers

António Guterres

« Je suis aux Tonga pour émettre un SOS mondial – Save our Seas (Sauvez nos mers, ndlr) -, sur l’élévation du niveau des mers. Une catastrophe mondiale met en péril ce paradis », a ainsi alerté le secrétaire général de l’ONU António Guterres, lors du Forum des îles du Pacifique (FIP). « L’élévation du niveau de la mer est supérieur à la moyenne mondiale dans beaucoup d’endroits de la région, ce qui perturbe les économies, déplace des populations et menace l’existence même des petits États insulaires en développement (PEID) », pointe, de son côté, Celeste Saulo, secrétaire générale de l’OMM. « Il est de plus en plus évident que nous allons rapidement manquer de temps pour enrayer la tendance », s’alarme-t-elle. 

Pour les habitants de cette partie du globe, il est véritablement question de menace existentielle. « Ce nouveau rapport confirme ce que les dirigeants du Pacifique disent depuis des années. Le changement climatique constitue leur principale menace en matière de sécurité. Les nations du Pacifique sont engagées dans un combat pour leur survie, et mettre un terme à la pollution du climat est essentiel pour leur avenir », a martelé  le chercheur climatique australien Wes Morgan, interrogé par l’AFP.

Pour rappel, en provoquant une submersion des terres, la hausse du niveau des mers réduit non seulement l’espace vital mais aussi les ressources en eau et en nourriture des populations. Dans le même temps, la température plus élevée de l’eau conduit à des catastrophes naturelles plus violentes, tandis que l’acidification des océans affecte la chaîne alimentaire marine, et l’équilibre des écosystèmes. 


M.G avec AFP

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