Depuis la rentrée de septembre, la France s’émeut du procès de Mazan et des viols subis par Gisèle Pelicot, qui incarne aujourd’hui le mouvement pour que la honte change de camp. Cette affaire, aussi effroyable qu’elle soit, n’est ni exceptionnelle ni isolée. Elle est le fruit d’un système patriarcal, profondément enraciné, qui déconsidère les femmes et leur place dans la société, et légitime toutes les formes de violences commises à leur encontre.

Nous, associations de terrain, spécialisées dans l’accompagnement des victimes de violences, le savons bien. Nos associations reçoivent et accompagnent des dizaines de milliers de femmes victimes de violences chaque année. Nous constatons que les violences exercées sur les femmes sont massives et proviennent d’abord de leur entourage : c’est le mari, le père, le voisin, le collègue, l’ami qui viole.

Face à ces violences, nous connaissons aussi les solutions. Il faut du courage politique et des moyens pour s’attaquer enfin à la racine des violences, mieux condamner les agresseurs et aider les victimes à se réparer.

En première ligne

La mise en œuvre concrète des politiques publiques de lutte contre les violences repose sur nos associations. Elles sont en première ligne pour faire de la prévention, pour écouter et accompagner les victimes, notamment dans leurs démarches pour accéder à la justice et se reconstruire. Cependant, aujourd’hui, les associations tirent le signal d’alarme, car elles manquent de moyens pour assurer leurs missions.

Certaines associations sont aujourd’hui mises en difficulté par l’Etat. Début août, le gouvernement démissionnaire a décidé d’étendre la « prime Ségur » aux salariés du secteur sanitaire, social et médico-social. C’est en soi une victoire pour nos associations, qui portaient depuis longtemps la revendication d’étendre cette prime aux « oubliés du Ségur ».

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Mais cette décision ne s’est pas accompagnée d’une garantie de compensation financière de la part de l’Etat permettant aux associations de financer ces revalorisations de salaires, pourtant si nécessaires dans un secteur où les salariées (en très grande majorité des femmes), exercent des métiers difficiles et mal rémunérés.

Concrètement, certaines associations seront contraintes à licencier, voire à mettre la clé sous la porte, pour mettre en œuvre cette mesure qui s’impose à elles. La fermeture d’associations spécialisées laissera des dizaines de milliers de femmes victimes de violences sans solutions ni accompagnement. Nous ne pouvons nous y résoudre.

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