L’instabilité politique en France se nourrit d’une écoanxiété grandissante, alors que les politiques se détournent de ce défi sociétal majeur. On découvre aujourd’hui que ce que les « gilets jaunes » ne voulaient pas, ce n’est pas seulement la taxe carbone, mais, plus généralement, toute politique attentatoire à notre pouvoir d’achat et à notre confort. Comme pour la dette et le financement des retraites, nous avons tous conscience du problème climatique, mais personne ne semble reconnaître sa responsabilité individuelle, ni être prêt à accepter de contribuer à sa résolution. Les éoliennes, les zones à faibles émissions ou les jachères, par exemple, soulèvent des oppositions encore plus violentes que la tarification du carbone. Le retour de flamme est patent.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « La canicule peut agir comme un déclencheur brutal d’écoanxiété »

Pour comprendre ce blocage, il faut revenir aux sources : la transition énergétique sera coûteuse. L’acier vert ou le kérosène décarboné seront probablement respectivement deux et dix fois plus chers que leurs versions brunes respectives. Compte tenu de la nécessité de gérer son intermittence, l’électricité renouvelable sera plus coûteuse que le charbon.

Les sources faciles de décarbonation ont déjà été épuisées en France, et les importants efforts complémentaires que nous devons maintenant réaliser vont nous obliger à de sérieux sacrifices. Les citoyens s’y opposent parfois, bien que ces sacrifices restent moindres que ceux que nous infligerions aux générations futures si nous n’agissons pas. Les politiques ont tenté de nous vendre une transition heureuse riche en emplois et en prospérité, mais la réalité est tout autre.

Face à ce déni de réalité, chaque norme, obligation ou interdit supplémentaire fait le jeu des partis populistes qui surfent sur ce refus d’une part grandissante de la population, plus focalisée sur la fin du mois que sur la fin du monde. Le caractère politiquement suicidaire d’un discours de vérité sur la transition amène les partis responsables à parler d’autre chose. Mais la volonté politique ne se crée pas sur le vide, il faut une majorité du peuple pour la nourrir.

Il vous reste 61.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version