Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, à La Défense.

Xavier Piechaczyk, président du directoire de Réseau de transport d’électricité (RTE), explique pourquoi la France et l’Europe doivent favoriser le contenu local dans le développement de leur système électrique.

Le fait qu’il faille investir des dizaines de milliards d’euros par an dans le système électrique fait polémique. Qu’en pensez-vous ?

Si l’on cumule l’ensemble des investissements en France pour le système électrique dans son ensemble sur les trente prochaines années, nous arrivons à une estimation de l’ordre de 1 000 milliards d’euros, et ce, sans prendre en compte les nouveaux usages électriques. Soit environ 35 milliards d’euros par an. A priori, cela peut faire peur, mais cette somme reste relativement moins élevée que la facture pétrolière et gazière de la France qui, en 2022, a atteint 116 milliards d’euros.

Surtout, il s’agit d’investissements et non d’une seule dépense faite auprès de producteurs étrangers. Pointer du doigt les dépendances occasionnées par le développement du réseau électrique est nécessaire, mais cela reste gérable si on mène les réformes nécessaires et qu’on le fait sans oublier l’urgence à se débarrasser du pétrole et du gaz fossile.

Comment gérer l’acceptabilité sociale ?

Elle n’est effectivement pas facile à obtenir, et les réseaux électriques n’y échapperont pas, d’autant que, d’ici à 2050, le nombre de lignes va s’accroître d’environ 20 %. Nous ferons notre possible pour ne pas en construire trop en sites vierges, mais il faut s’attendre à ce que cela arrive quand même. Nous avons par ailleurs lancé un concours d’architectes en vue de bâtir un nouveau pylône qui soit différent sur le plan esthétique.

Dans la transition énergétique, vous alertez sur les dépendances de la France. Quelles sont-elles ?

Nous devons penser notre souveraineté vis-à-vis des matières premières, des technologies et de l’industrie. On ne peut dissocier les trois. Sur les matières premières, cela concerne la capacité de la France à aller se sourcer en minerais qu’elle ne possède pas dans son sol. Nous devons ensuite produire et maîtriser les technologies que l’on installe sur notre système énergétique sans dépendre d’un fabricant étranger.

Enfin, ces deux points de vigilance sont indissociables du fait d’avoir les usines sur notre sol pour produire nos disjoncteurs, nos transformateurs et nos câbles. Si tout est fabriqué hors d’Europe, nous ne faisons qu’entretenir un autre PIB que le nôtre, sachant que le robinet de la fabrication peut aussi, à tout moment, être fermé.

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