Alors que les agriculteurs ont repris le chemin de la mobilisation, il est de bon ton, dans la classe politique, de se rallier à la lutte contre la dérégulation des marchés agricoles. De Matignon aux parlementaires de la droite et des soutiens d’Emmanuel Macron, en passant par l’Elysée, on le répète à l’envi : la France doit mener une lutte sans merci contre toute concurrence déloyale en matière agricole, en particulier dans le dossier de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie)

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La gauche et les écologistes ne seraient donc plus les seuls à tirer la sonnette d’alarme face à des productions étrangères ne respectant pas nos exigences sanitaires et environnementales. Vraiment ? Dans les faits, par-delà les postures et sans attendre l’issue de l’accord UE-Mercosur, le gouvernement de Michel Barnier continue d’entretenir délibérément la concurrence agricole déloyale, comme les gouvernements de Gabriel Attal et celui d’Elisabeth Borne avant lui.

En cause : la bienveillance de ces gouvernements successifs à l’égard des exportations, par des entreprises installées en France, de pesticides pourtant interdits sur notre sol. Ce funeste commerce alimente inexorablement nos étals en productions agricoles étrangères traitées avec des substances que nous jugeons pourtant trop dangereuses pour être employées dans nos exploitations européennes. En clair : nous fournissons au monde entier les toxiques que nous interdisons dans nos fermes et nous acceptons de les voir revenir dans nos supermarchés. Retour à l’envoyeur, au mépris de la santé des Français, de celle des travailleurs agricoles étrangers et de nos agriculteurs démunis face à des concurrents étrangers, autorisés à épandre ce que nous avons légitimement interdit chez nous.

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Le gouvernement actuel et le président de la République, qui répètent à qui veut l’entendre leur opposition à la concurrence agricole déloyale et au traité de libre-échange avec les pays du Mercosur, n’ont jamais œuvré à une pleine application des interdictions d’exportations pourtant votées par le législateur en 2018. La loi EGalim prévoyait en effet, à compter de 2022, de mettre fin à la production et à l’exportation des pesticides interdits en Europe pour des raisons sanitaires et environnementales. Les gouvernements successifs s’en sont vantés à plusieurs reprises : la France deviendrait alors le premier européen à prévoir une telle mesure.

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