En pleine bataille sur le budget 2026, les enjeux éducatifs sont invisibilisés. La dépense d’éducation a été sacrifiée au fil des ans à bas bruit, mais la France se perçoit toujours comme un pays généreux en la matière. Dans son intervention du 25 août, François Bayrou, alors premier ministre, s’était ainsi désolé des mauvais résultats des élèves français dans les classements internationaux, au regard des efforts budgétaires en faveur de l’éducation.

De fait, notre école traverse une quadruple crise. Crise des apprentissages d’abord, avec une baisse substantielle des compétences en mathématiques, lecture et sciences depuis vingt ans dans les enquêtes internationales. Crise du bien-être ensuite, les élèves français montrant un déficit très marqué de confiance en soi, de motivation et de sentiment d’appartenance à l’école relativement aux autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Crise du séparatisme social en outre, le privé concentrant de plus en plus d’élèves issus de milieux favorisés : 55 % en 2022 contre 43 % en 2003. Crise de l’injustice enfin, l’éducation française étant marquée par une surdétermination des résultats scolaires par l’origine sociale comparativement aux autres pays de l’OCDE, à laquelle s’ajoutent des écarts sociaux d’orientation importants, même entre élèves de niveau scolaire égal.

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Il est temps de rétablir la vérité sur nos dépenses d’éducation. Deux constats majeurs s’imposent : nous n’investissons pas assez dans l’éducation, et nous le faisons de manière injuste, au bénéfice relatif des élèves favorisés. Dès lors, comment s’étonner des mauvaises performances de notre système éducatif ?

Conditions d’encadrement dégradées

La dépense éducative représentait 6,8 % du PIB en 2024, soit 1 point de moins qu’au milieu des années 1990 (7,8 %). Cet écart est loin d’être négligeable : il représente 29 milliards d’euros en 2024, soit environ 15 % de la dépense totale d’éducation. Et pour aggraver davantage les choses, les effectifs ont augmenté sur cette même période : si le nombre d’élèves est à peu près le même, le nombre d’étudiants, lui, a progressé de 50 % depuis 1990. Face à une baisse de la dépense et à une augmentation du nombre d’apprenants, comment espérer maintenir la qualité de notre éducation ?

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